«L'amnistie ne doit être qu'une suite logique de la paix.» Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), Me Ali Yahia Abdenour, est convaincu que la solution sécuritaire ne peut constituer un tremplin pour la sortie de crise. Sa conception a été expliquée, hier, lors d'un point de presse tenu dans les locaux de la Laddh, consacré à deux questions essentielles, à savoir la position de la Ligue par rapport à l'initiative présidentielle et la préparation de son congrès, prévu les 22 et 23 septembre à Boumerdès. Répliquant au sujet de la charte pour la paix et la réconciliation, le conférencier suggéra plutôt autre chose. La crise, d'après lui, «ne connaîtra pas le bout du tunnel sans une solution politique qui devra associer la société civile et toutes les forces vives de la nation», laissa-t-il entendre, soulignant que l'amnistie ne peut être qu'une «suite logique de la paix». En d'autres termes, l'amnistie ne doit être décrétée qu'après avoir instauré un climat de paix et des conditions favorables. Or, a-t-il observé, le contraire est en train de se faire en «songeant que la paix ne peut avoir lieu sans l'amnistie». L'orateur, fidèle à ses convictions, a pris carrément le taureau par les cornes en disant que le texte de la charte est contraire aux principes des droits de l'homme. Il ne se laisse pas prendre dans un filet des «croyances infondées». Preuve à l'appui, Me Ali Yahia Abdenour expliqua que la charte des droits de l'homme stipule que toute personne ayant commis un crime doit être impérativement jugée. Suivant le sillage, le conférencier poursuit: «La charte sur la paix prône le pardon mais surtout l'extinction de toutes les poursuites judiciaires à l'égard des criminels.» Il ne fait pas de doute que les propos de Ali Yahia Abdenour ne vont pas dans le même sens que ceux de Farouk Ksentini, président de la Commission consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme qui, ne cesse de dire que la charte pour la réconciliation n'a rien de contraire avec celle des droits de l'Homme. La contradiction entre les propos des deux hommes éclate au grand jour. Ali Yahia Abdenour conditionne la réconciliation par le droit à la vérité et à la justice. L'avis du conférencier repose sur le fait «qu'on est à la cinquième tentative de juguler la crise par une solution sécuritaire». Allusion faite aux précédentes initiatives entreprises, à savoir la loi sur la «rahma», la concorde civile et la grâce amnistiante. «Depuis que ces lois ont été décrétées, l'effusion de sang n'a pas cessé», a-t-il lancé à l'adresse des journalistes. Appelé à exposer son alternative, le président de la Laddh pense que la solution réside dans une «ambition collective mais non individuelle».