Cette sortie du Président coïncide avec une montée en puissance des revendications sociales. Dix-neuf ans après la visite effectuée par l'ex-Président de la République Chadli Bendjedid, les Tébessis ont accueilli, hier, en fin d'après-midi, Abdelaziz Bouteflika en provenance de la wilaya de Khenchela. Cette visite annoncée, il y a plus de deux mois, la première pour le chef de l'Etat dans cette wilaya et qui coïncide avec la journée du Chahid, a mis les autorités locales en branle. Les préparatifs allaient bon train deux jours avant l'arrivée de cet invité particulier. Les vendeurs «à la sauvette», les mendiants de la place Caracalla et les ordures qui jonchaient les rues principales ont disparu et les murs, pour l'occasion, ont été badigeonnés. Les rues principales sont toutes ornées de drapeaux et de banderoles. Au programme de la visite, l'on notera pour aujourd'hui, un discours très attendu au palais des congrès. Cette sortie du Président coïncide avec une montée en puissance des revendications sociales, avec notamment la décision prise par l'Ugta de paralyser le pays deux jours durant. Le chef de l'Etat, relèvent les observateurs, pourrait aborder cette question, d'autant qu'une tension grandissante caractérise le champ social ces dernières semaines, où l'on a enregistré un nombre important de débrayages dans divers secteurs d'activité. Cette tension, instrumentalisée par des cercles politiques hostiles au chef de l'Etat, a tendance à prendre une direction qui impose une «mise au point» de Bouteflika au sens qu'il n'a pas encore répondu à toutes les attaques portées par ses détracteurs. Aussi, les observateurs s'attendent-ils à une contre-offensive du Président sur le volet social. En fait, les questions sociales, même si elles sont d'une actualité brûlante, ne seront pas les seules à figurer dans le discours du Président. Des sujets aussi importants que la crise de Kabylie ou la guerre annoncée contre l'Irak, interpellent le chef de l'Etat, assurent les mêmes observateurs. Sur ces deux questions, Bouteflika a été critiqué par ses adversaires politiques qui lui reprochent un manque d'engagement. En Kabylie où la situation semble encore dans l'impasse, au sens que les élections partielles qui y sont prévues ne sont toujours pas évidentes, le premier magistrat du pays pourrait renouveler son offre de dialogue serein, annoncé déjà à plusieurs reprises par le passé. Il est clair en effet que cette crise a quelque peu ébréché la reconstruction des institutions de la République sur des bases réellement démocratiques. Sur la question de l'Irak, le chef de l'Etat, qui a été l'un des premiers à être tenus au courant du plan franco-allemand, aura à clarifier la position de l'Algérie par rapport au conflit et répondre par là même à ses détracteurs, ces derniers lui reprochant une certaine neutralité sur le sujet justement. Enfin, les observateurs relèvent la coïncidence du discours avec l'anniversaire de l'Union du Maghreb arabe. A ce propos, le chef de l'Etat, dont l'une des missions primordiales est la redynamisation de l'UMA, traitera de ce sujet, emboîtant le pas au président tunisien qui, dans une correspondance aux chefs d'Etat membres de l'Union, a émis le souhait de voir le sommet tant attendu se tenir enfin. Le Président Bouteflika est attendu sur toutes ces questions. Pour revenir au premier jour de la visite proprement dite, il y a lieu de signaler qu'elle s'est poursuivie jusqu'à 20h. Le Président de la République a procédé à plusieurs inaugurations essentiellement pédagogiques et sociales, à savoir les 2000 places pédagogiques du centre universitaire Cheikh Larbi-Tebessi, une résidence universitaire de 500 lits baptisée au nom de Lazhar-Mebarkia, 396 logements, une piscine semi-olympique et enfin un nouveau lycée baptisé Houari-Boumediene. Le chef de l'Etat procédera à d'autres inaugurations aujourd'hui et prononcera un discours, très attendu, à la salle des congrès Ziad-Salah, au chef-lieu de la wilaya.