Le foncier agricole est sérieusement menacé dans cette wilaya. Le Président Bouteflika a rejoint dans la matinée d'hier, la wilaya de Khenchela pour une visite d'une journée. Cette ville n'a pas dérogé à la règle, en organisant un bain de foule pour saluer son hôte, mais aussi crier sa misère et son désespoir. «L'on a préféré gaspiller des milliards pour l'Année de l'Algérie en France alors qu'ici des gens meurent de faim.» Cette phrase n'était pas inscrite sur l'une des banderoles, elle est sortie de la bouche d'un Khencheli, qui a insisté pour nous parler, sachant que nous étions journalistes. Cette colère semble faire l'unanimité. Ici «maken oualou». Ce constat résume parfaitement l'état d'esprit des citoyens qui sont désespérés de l'état précaire de leur situation sociale. Les autorités locales ont ravalé les façades et goudronné les routes, depuis deux semaines, seulement en prévision de la visite de Bouteflika. «Je considère que c'est un mépris à l'égard des citoyens de cette wilaya.» Pour les habitants, rien n'a changé depuis une trentaine d'année «La misère nous colle à la peau, Allah ghaleb.» L'escale présidentielle saura-t-elle redonner l'espoir aux Khenchelis? L'on peut d'ores et déjà constater que le Président est venu surtout inaugurer des projets au profit de la population. La première étape était la pose de la première pierre du centre universitaire de Khenchela. La réalisation de cette importante structure permettra la création de 2000 places pédagogiques et 1000 places pour les résidents. Le délai de réalisation est fixé à 24 mois. Ces détails on les retrouve sur les fiches techniques présentées au premier magistrat du pays. Mais ce que les autorités locales ont «oublié» de préciser au Président, c'est le fait que cette infrastructure universitaire va être bâtie sur un terrain agricole. «Cette omission de taille» a épargné les autorités de critiques acerbes, sachant que M.Bouteflika, lui-même, avait exhorté les autorités locales, lors de ses différentes sorties, à interdire toute construction sur le foncier agricole. L'autre point important de la visite: l'exploitation du projet de la mise en valeur des terres par la concession à R'Mela. Ce projet, dont le coût avoisine les 465 millions de dinars a démarré en octobre 2001. A Khenchela, la population ne fuit pas les douars sous la menace terroriste, «mais afin d'obtenir un logement social à sa ville et en périphérie. Pour espérer bénéficier d'un logement social chez nous, il faut habiter un bidonville, même un cartonville. Cette opacité des responsables a ouvert le champ aux intrus et aux opportunistes.» A ce sujet, l'on apprend que certaines familles, ayant été évacuées du bidonville «Chabor», sur décision du Chef du gouvernement, M.Benflis, ont mis en location leurs maisons. Cette opacité a conduit à l'accroissement des habitations précaires avoisinant les 10167. Les projets lancés dans le secteur sont loin de répondre aux besoins réels des Khenchelis. Selon les statistiques locales, seulement 2492 logements sont en cours de construction, alors que les besoins exprimés dépassent les 11.000. La troisième étape de la visite a été l'inauguration de la conduite d'adduction d'AEP à partir du forage de Beggaga. Ici Bouteflika a exhorté les autorités locales à «mettre fin au bricolage». «Arrêtez aussi le gaspillage, à travers, notamment le traitement des eaux usées, pour l'irrigation», précisera-t-il. L'Algérie, ajoute-t-il, devra mettre fin à la crise de la pénurie d'eau, d'ici à 7 ans et pour cela, les autorités locales devront prendre en charge cette opération. Le Président a promis une enveloppe additionnelle de 50 milliards de centimes pour l'appui au secteur. Cap ensuite sur Foum-Khenchela, pour visiter le projet de l'usine forage et outillage à main (Promital). Le Président ne fera pas la moindre allusion aux polémiques qui entourent cette usine. Il s'est contenté d'exhorter les responsables à accélérer la machine de production. Le secteur sanitaire était inscrit aussi à l'ordre du jour de cette escale présidentielle, avec la pose de la première pierre de l'hôpital 120 lits. Hier les Khenchelis ont vécu au rythme de la visite présidentielle. Si les Khenchelis avaient guidé le Président dans sa visite, ils lui auraient expliqué les raisons de leur révolte de juin dernier. La visite aurait pris dans ce cas-là un autre aspect plus important.