Communion Une immense foule est venue, hier, exhorter le président de la République à briguer un second mandat. A Oum El-Bouaghi, il s?agit pratiquement du même «topo» qu?à Khenchela. Non pas parce que les deux font partie de la même région aurésienne, fière et orgueilleuse, mais parce que les deux ont fait ce qu?il fallait faire pour accueillir comme il se doit le président de la République. Le boycott des trois élus FLN, tendance Benflis, n?a finalement pas pesé lourd sur la balance ; la fête peut se tenir. Emblèmes «vert, blanc rouge» sur tous les édifices, les immeubles et même au-dessus des commerces, icône du président, une immense contre-plongée, sur les principales rues du centre-ville, banderoles en arabe souhaitant la bienvenue à un hôte qui ne débarque pas sans étaler sa générosité sans faille, chiffrées en milliards puisés du contribuable. 600 milliards, tel est le pactole faramineux dont a bénéficié, hier, la wilaya d?Oum El-Bouaghi, un don du ciel attendu depuis longtemps, lors de la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui, comme attendu, a eu droit à un bain de foule indescriptible. Quelques miettes, soit 20 milliards (seulement !), sont destinés à l?agriculture alors que la région se targue, depuis des lustres, d?être à vocation agricole. Le gros étant destiné à l?électrification des régions enclavées, à la jeunesse, aujourd?hui à la merci de la mal vie et des vices de toutes formes, et à la réhabilitation des infrastructures sanitaires et routières. Pour la virée du «raïs», les choses se sont déroulées dans les normes au grand bonheur des autorités locales, à leur tête le wali, Mohamed Bouderbali qui n?est, en fait, que l?ex-patron de la Protection civile et ex-directeur de la salle Harcha. S?ensuivent pèle-mêle série d?inaugurations, baroud d?honneur et profusion de motions de soutien dans les différentes étapes. Que ce soit à Meskiana, à Aïn Beïda, à Fkirina, à Aïn Babouche ou au chef-lieu de la wilaya, Bouteflika se sentait, sans nul doute, chez lui? Oum El-Bouaghi, avec ses mille et un accrocs journaliers, a vécu, l'espace d?une journée, le faste du boumedienisme pourtant révolu. Mais le clou de la visite aura été sans doute la virée matinale du côté de Aïn Beïda. Là, les Haraktas n?avaient pas laissé échapper la chance qui leur était offerte pour «vider leur sac». «Wilaya, wilaya» scandaient-ils à l?unisson, histoire de dire au président qu?ils espèrent voir leur chère ville se hisser au rang très enviable de wilaya, quitte à chambouler le découpage administratif. Le président ne dit rien et continue, au milieu de son cortège, sa «marche triomphale» laissant le soin à Haïchour d?évoquer les derniers développements au sujet du fratricide FLN, à Ould Kablia d?égrener les chiffres en milliards de centimes et enfin à Benbouzid de murmurer dans l?oreille? des chevaux. «Non, c?est un cheval berbère», rectifie-t-il en entendant un journaliste dire que le cheval offert par les notables d?Oum El-Bouaghi au président de la République était un pur-sang arabe. Comme à Khenchela, Bouteflika devait parcourir des centaines de mètres, allant tantôt à gauche tantôt à droite de l?artère principale pour saluer l?immense foule qui venait, tel un seul homme, le saluer et l?exhorter surtout à briguer un second mandat. Cet après-midi, le cortège présidentiel mettra le cap sur Constantine, là où tout le monde croit dur comme fer que Bouteflika va annoncer enfin sa candidature, tout le monde sauf son frère? Saïd.