Les intentions électorales de Bouteflika se sont confirmées, hier, dans la capitale des Rostomides. «Le président n'annoncera pas sa candidature à partir de Tiaret ni de Chlef ou Médéa», c'est ce que nous a déclaré une source proche de la présidence en marge de la visite du chef de l'Etat à Tiaret. A la question de savoir si Bouteflika prendra part au scrutin du mois d'avril prochain, notre interlocuteur s'abstient de répondre, se contentant d'affirmer que «l'opinion publique connaîtra sa position au moment opportun». «Nous avons encore devant nous largement le temps, et cela se fera dans les règles.» Laissant entendre que Bouteflika a déjà tranché la question de sa participation. L'annonce n'est qu'une question de temps. Ce qui s'apparente à un secret de Polichinelle. Les intentions électorales de Bouteflika se sont confirmées, hier, dans la capitale des Rostomides. Tiaret n'a pas dérogé, hier, à la règle en réservant un bain de foule des plus folkloriques au président. Youyous, troupe folklorique et une marée humaine, par un temps clément. Tout pour réussir l'itinéraire pédestre du chef de l'Etat tout au long du boulevard Ferari-Lahbib au centre-ville. «Les citoyens de Tiaret soutiennent le président de la République et l'appelle à un deuxième mandat», lit-on sur des banderoles implantées sur les murs et les balcons de la ville. Qu'en pensent réellement les habitants de la ville? On le saura peut-être à l'occasion de la présidentielle. On sait, d'ores et déjà, que «le Rassemblement national démocratique», le parti d'Ouyahia est de son côté. Cette banderole ne nous apprend rien parce que le parti du chef du gouvernement ne cache plus, depuis quelques mois, ses préférences politiques. On trouve aussi et surtout «le mouvement de redressement», fortement implanté dans la région. D'ailleurs, dès son arrivée à la wilaya, Bouteflika a eu le droit à une motion de soutien lue par le président de l'APC de la commune de Tiaret, un militant redresseur du FLN fraîchement installé. Dans cette motion, le mouvement de redressement, après avoir fait un bilan positif sur le mandat de Bouteflika, l'a exhorté à se présenter à la présidentielle. L'un d'entre eux s'est déjà exprimé à l'occasion du congrès d'étape du mouvement organisé jeudi à El-Aurassi. L'Organisation nationale des enfants de moudjahidine, le mouvement estudiantin et la ligue des quartiers, Frenda, tout en exprimant leur soutien au président, sans oublier l'incontournable bénédiction de la zaouia de Ghoualfa, fondée au IXe siècle de l'Hégire (1571). «Il est tout à fait clair que Bouteflika est le candidat du peuple», nous a déclaré une organisation. Au milieu du baroud et des chants folkloriques, des applaudissements, des centaines de personnes venues accueillir le président, scandent: «Bouteflika ohda thania» (deuxième mandat pour le président). Il faut dire que Bouteflika se rendra à Chlef avec un souci en moins. Il a bien l'administration de Tiaret de son côté à quelques mois de la présidentielle. Et l'adhésion populaire? «Moi, je n'ai rien contre Bouteflika ni contre Benflis, je veux simplement vivre dans de meilleures conditions.» Pour certains Tiarétis, «le plus important, c'est l'enveloppe budgétaire allouée à la région qui souffre d'énormes problèmes». «Reste à savoir si cet argent sera déboursé pour le développement local», atteste un autre. Concernant le programme du président, on note que comme prévu, il s'est abstenu de faire la moindre déclaration politique. Il s'en est tenu au programme officiel. Dès son arrivée à l'aéroport, il a assisté à la cérémonie de départ des hadjis. Après la baraka des hommes, Bouteflika veut assurer aussi la bénédiction du ciel. La délégation présidentielle s'est dirigée ensuite vers la commune de Tiaret pour s'enquérir de l'état d'avancement des 500 logements. Ce projet situé sur la route d'Alger, permettra «de moderniser l'entrée Est de la ville grâce à l'architecture adoptée, et de répondre aux besoins en logements des citoyens», sachant que la ville connaît un sérieux problème de logement exacerbé par la mauvaise gestion des responsables locaux. Selon certaines sources, des centaines de logements sont fermées à cause du changement récurrent des élus locaux. Bouteflika s'est rendu ensuite à Frenda, où il a eu droit à un deuxième bain de foule. Il a inauguré une annexe de la bibliothèque nationale baptisée Jacques Bercq, l'un des plus grands arabisants, qui s'est toujours considéré comme un passeur entre la culture plaidant pour un dialogue entre l'Occident et l'Islam. Il est aussi le traducteur du livre saint du Coran. Bouteflika, et contrairement a ce qui a été attendu, ne fera aucune allusion à la concorde civile ou la réconciliation nationale. Durant la journée d'hier, le président a inauguré l'école fondamentale dans la commune de Rahouia, baptisée Abbas Lazreg, qui permettra de soulager les autres structures avec ses 600 places. Demain, Bouteflika continuera son escale à travers plusieurs inaugurations avant de s'envoler pour Chlef et Médéa.