La population semblait ou faisait semblant «d'oublier» pour quelques heures ses problèmes «éternels». Le Président Bouteflika a rejoint dans l'après-midi d'hier la ville de Biskra pour une visite de deux jours. Cette escale constitue la troisième et dernière étape du périple qui l'a conduit auparavant à Tiaret et Tissemsilt. L'avion présidentiel a atterri à l'aéroport Mohamed-Khider en fin d'après-midi. Le coup d'envoi de la visite a eu lieu au centre-ville pavoisé aux couleurs nationales. Un accueil très chaleureux a été réservé au Président, qui a préféré un bain de foule. Coups de baroud, banderoles, youyous, photos du Président, et surtout ces centaines de Biskris qui ont répondu favorablement aux appels lancés la veille par la radio locale, invitant la population à se masser lundi après-midi dans les grandes artères de la ville. La population semblait ou faisait semblant d'oublier pour quelques heures les problèmes quotidiens qui parfois s'éternisent : le chômage, qui touche 40% de l'ensemble de la population, l'isolement et même les pluies diluviennes qui ont tué quatre personnes le week-end dernier. «Je suis très confiant en l'avenir de cette ville», nous dira ce quadragénaire. Pour lui «cette deuxième visite effectuée par le Président à Biskra (la première était en 2001), prouve l'intérêt que porte le pouvoir à Biskra». Un avis partagé par «les plus optimistes» des Biskris et désavoué par une autre partie de la population qui exige «des choses palpables»: un emploi, un logement, bref un avenir meilleur ou peut-être un sort plus clément. Cette catégorie était là plus pour hurler sa misère que pour applaudir. Au milieu de la foule, nous repérons un groupe de jeunes dont la tranche d'âge varie entre 20 et 30 ans, ils scanderont ce slogan hautement symbolique: «Rana maâk fi el intikhabet al djaya» traduire: «Nous vous soutiendrons dans les prochaines élections». Une position qui explicite certes un appui à Bouteflika pour l'élection présidentielle, au cas où il déciderait de se présenter pour un deuxième mandat en 2004. cette phrase dénote un degré de maturité chez les jeunes ayant compris qu'en politique «la fin justifie les moyens». Il faut dire que pour une autre partie de la population «cette visite prend bel et bien les allures d'une précampagne à la présidentielle». Après le bain de foule, le cortège présidentiel s'est dirigé vers la zone Ouest de la ville de Biskra pour la pose de la première pierre de la nouvelle cour de justice dont le délai de réalisation est fixé à 10 mois pour remplacer l'ancienne cour «trop exiguë» et dont l'emplacement est au centre-ville. Cap ensuite sur El-Alia (3 km du chef-lieu de la wilaya de Biskra) et ce, pour l'inauguration du lycée Saïd-Abid une construction pédagogique réalisée en un temps record (7 mois). Toutefois et dans la même région, le Président a procédé à l'inauguration du projet des 930 logements, baptisé au nom de Ali-Ben-Djedidi. Aujourd'hui, la tournée sera marquée par le discours très attendu que prononcera le Président devant les étudiants de l'université de Biskra, à l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire 2002-2003. Selon les observateurs avérés, l'occasion sera saisie par le Président de s'exprimer sur les différentes questions qui occupent le devant de la scène nationale, notamment la situation en Kabylie et les résultats des élections locales. Durant la même journée, le Président bifurquera du côté de Docen, commune distante de 80 km du chef-lieu de la wilaya de Biskra, afin de visiter une exploitation agricole privée lancée en 2001 dans le cadre du Plan national de développement local (Pnda). Ici l'on note que dans le cadre de ce plan, la wilaya a bénéficié de 718 milliards. Un investissement qui a permis la création de 22.000 postes d'emploi. Le secteur de l'hydraulique bénéficiera d'une série de projets d'AEP, une occasion d'évoquer la situation critique des barrages dans la wilaya essentiellement celui de Foum El-Gherza qui connaît un envasement de plus en plus inquiétant.