Après cinq longs mois de colère, la sagesse a fini par prévaloir. Le mouvement citoyen a décidé de répondre positivement à l'offre du chef de l'Etat, en y mettant certaines formes. La longue et douloureuse colère populaire semble aller vers son extinction. A l'appel du chef de l'Etat, le mouvement citoyen, après en avoir débattu pleinement à Fréha, a décidé de répondre positivement tout en mettant en avant certaines modalités. C'est ainsi que le 5 octobre prochain, jour commémorant la révolte des jeunes de 1988, a été choisi par les ârchs pour remettre à la présidence la plate-forme de revendications adoptée à El-Kseur, le 11 juin dernier. La énième tentative sera donc, la bonne. Le mouvement a eu la sagesse de «couper la poire en deux», il ne sera pas dit qu'il ne marchera pas, mais cette marche sera, en somme toute symbolique. En effet, seuls les délégués et les représentants des familles des victimes du printemps noir, se retrouveront à Alger, place du 1er Mai, d'où s'ébranlera la marche vers El-Mouradia. Arrivée sur place la délégation chargera trois personnes: un collégien d'Amizour, un lycéen de Beni Douala - qui pourraient être accompagnés de Khaled Guermah, le père de Massinissa, le lycéen de Beni Douala décédé le 18 avril dernier, des suites de blessures par balles «reçues» dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala. A cette plate-forme, la coordination interwilayas envisage d'adjoindre une déclaration additive, explicitant chacune des quinze revendications. Une manière de jeter un peu plus de lumière sur ce qui, selon les délégués, pourrait être mal «interprété». En somme, des citoyens décidés à faire aboutir leurs doléances, en rendant destinataire le premier magistrat du pays. Il n'y a là qu'une démarche citoyenne des plus normales. Le fait que le mouvement n'accepte pas de déléguer une «commission» aux fins de négociations ou de discussions, est plutôt à classer dans les actes de haute maturité citoyenne. En effet, soudés autour des points de la plate-forme, les citoyens, qui répètent à l'envi qu'ils ne sont pas là pour d'éventuelles «retombées», et qui ne font aucune ombre aux formations politiques, ne semblent animés d'aucune autre ambition que la satisfaction des revendications qu'ils auront, en principe, à remettre au chef de l'Etat, vendredi prochain. Gageons que cette action pacifique se déroulera sans aucun incident, elle sera l'une des preuves fortes qui signifiera que les Algériens savent dialoguer en mettant de côté leurs divergences. Plus encore, des Algériens s'adressant au Président de tous les Algériens pour lui demander d'avoir à régler des problèmes de société. D'ailleurs, la majorité des points contenus dans la plate-forme semblent avoir été bien reçus par la présidence. C'est ainsi que concernant tamazight, la présidence s'est engagée à prendre en charge ce point hautement sensible. Il restera juste le point du démantèlement des brigades de gendarmerie, auquel il faudra bien trouver une solution idoine. Une fois ce problème réglé, le mouvement citoyen s'autodissoudra et les choses reprendront leur cours normal. Certes, la population est plus que lasse et des signes de fatigue sont apparus. Preuve en est que le mouvement est revenu sur sa décision d'organiser des marches de protestation, en Kabylie, en soutien à la marche des délégués à Alger, le 5 octobre. La tension a baissé et il appartient dès lors, à qui de droit, de faire en sorte pour que le calme revienne et habite les esprits. La région a trop souffert.