des éclaircies ont percé dans cette crise. Les développements survenus sur le dossier de la Kabylie, depuis le dernier conclave de l'interwilayas de Takerboust (wilaya de Bouira), mettent les animateurs du mouvement citoyen en demeure de se positionner définitivement par rapport à la question de la concrétisation de la plate-forme d'El-Kseur. Cette situation a été exacerbée par la tentative avortée de chahuter la visite d'Etat du président français, le 2 mars à Alger et les révélations faites, mercredi dernier, au sujet de la question de l'indemnisation des victimes du printemps noir. En effet, la dernière réunion de l'instance suprême du mouvement, il y a un mois, et qui s'est terminée en queue de poisson, avait justement achoppé sur ladite question. Les documents de réflexion que les trois coordinations de wilaya (Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira) avaient proposés pour la circonstance n'arrivaient pas à soustraire la dynamique citoyenne de l'influence partisane. Hormis celui de Bouira qui, selon les observateurs attentifs de la crise, était porteur d'espoirs en raison du caractère consensuel qui articulait sa démarche, ceux de Béjaïa et de Tizi Ouzou comportaient, malheureusement, des résonances partisanes qui n'ont que trop nui au mouvement. «Refondation nationale» et «conférence nationale» étaient et restent les maîtres mots qui reviennent dans l'un et l'autre document. Une preuve, s'il en faut, que l'on s'écarte délibérément de l'essence même du mouvement qui, faut-il le rappeler, est censé fédérer toutes les voix qui s'élevaient en Kabylie et dans plusieurs régions du pays pour réclamer plus de justice sociale et une gestion plus démocratique et rationnelle des affaires de la cité. De quel droit un quelconque parti politique peut caporaliser un mouvement populaire? C'est le constat doublé d'une question qui taraude l'esprit de tous les bien-pensants de la région. C'est d'ailleurs, semble-t-il, ce même constat qui a fait bouger la rue kabyle, du moins dans la wilaya de Béjaïa, pour dire «basta» au chaos programmé et alimenté par les forces qui trouvent leur compte dans le pourrissement. En effet, des éclaircies ont percé dans cette crise, lorsque des animateurs influents et représentatifs du mouvement ont appelé à une solution négociée. Nonobstant toutes les critiques faites et à faire au dialogue avec le Chef du gouvernement, entamé en décembre 2001 et qui a abouti à la conférence nationale du 12 mars 2002, il n'en demeure pas moins que la Kabylie a démontré par là même qu'elle n'était pas hermétique à la solution, négociée dans un cadre algérien ouvert et transparent. Malheureusement, la radicalisation de certains délégués autoexclus du dialogue a escamoté la démarche. Même la consécration de tamazight langue nationale, fruit d'un combat de plusieurs générations depuis l'indépendance, est dénigrée par des jusqu'au-boutistes, rattachés à des chapelles politiques. A cela s'ajoute le fait que les victimes et familles de victimes, que le mouvement a toujours utilisées comme épouvantail, vient de s'effondrer comme un château de cartes à la suite des révélations faites sur les indemnisations prévues par l'Etat dans le décret présidentiel d'avril 2002. Faut-il continuer alors à essuyer de tels revers, au risque de sacrifier toute la dynamique citoyenne censée palier les défaillances criantes de la classe politique sur des questions cruciales, intéressant directement le quotidien du citoyen ? De plus, les reports successifs du conclave de l'interwilayas n'augurent-ils pas du manque de volonté politique des délégués de cette instance suprême à assumer leur responsabilité historique dans la mise en oeuvre de la plate-forme? Ce sont des questions qui taraudent aujourd'hui les esprits. D'ores et déjà, des initiatives visant à casser cette chape de plomb empêchant les partisans du dialogue à aller à la rencontre des décideurs du pays, qui, soit dit en passant, seraient disponibles dans les 48 heures qui suivent une décision de l'interwilayas à entamer la mise en oeuvre de la plate-forme, selon des informations concordantes, visant à renverser la vapeur et opter résolument pour des représentants du peuple, sourcilleux sur la question de la concrétisation des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. Les exemples de la mobilisation citoyenne à Akbou pour dénoncer l'insécurité suivie par les enfants de chouhada qui ont rompu le silence à l'occasion du 18 février dernier ainsi que la mobilisation des notables, entrepreneurs et cadres de la daïra d'El-Kseur très récemment encore, militent pour cette cause.