Les propos du président n'ont pas été du goût des délégués des archs. La délégation du mouvement citoyen mandatée pour mener le dialogue avec le gouvernement a jugé que «le «non» récurrent du chef de l'Etat quant à l'officialisation de tamazight est non seulement en violation des engagements de l'Etat du 15 janvier 2005, mais a surpris le peuple algérien par de graves déclarations provocatrices, calomnieuses et semant la division et la haine». Dans une déclaration rendue publique hier, la délégation du mouvement citoyen «considère que l'argumentaire sur lequel s'est appuyé le chef de l'Etat (....) est insensé et truffé de contrevérités». Les rédacteurs de la déclaration affirment à ce propos que «nombreux sont les pays fonctionnant avec plusieurs langues officielles: l'Afrique du Sud avec 11 langues officielles est l'exemple le plus édifiant». Par ailleurs, à Bouira où un meeting s'est tenu à El Esnam et animé par les délégués Belkacemi Rachid et Bouchelkha Mahmoud, la Ccwb n'est pas allé par quatre chemins pour répondre à «la provocation». Pour Belkacemi, le 29 septembre n'est plus dans l'agenda des archs. Pis encore, les élections ne se tiendront pas. Elles connaîtront le même sort que les précédentes élections. Le président a rejeté la colonne vertébrale des revendications de la plate-forme d'El Kseur, condition sine qua non pour tout règlement de la crise du Printemps noir. Pour Mahmoud Bouchelkha, «le pouvoir n'a pas tenu sa parole. Nous avons entamé le dialogue avec le chef du gouvernement depuis neuf mois sans aboutir à un vrai résultat. Nous considérons que le chef du gouvernement n'est qu'une simple marionnette entre les mains du président». Lors du meeting animé à Tizi Ouzou, «nous avions un espoir qu'il annonce d'importantes décisions telle l'officialisation de tamazight mais aucun mot n'a été soufflé sur notre identité.» Ainsi, les délégué des archs de Bouira considèrent «le 29 septembre comme un non-événement et le vote sera empêché». Pour les élections partielles prévues en Kabylie dont la commune d'El Esnam est concernée, la décision sera prise après concertation au niveau de l'interwilayas. Il y a de fortes chances que les élections soient empêchées comme les précédentes. A Takerboust (daïra de M'chedallah) un meeting a été animé par les délégués des archs qui avaient affiché leur scepticisme au dialogue avec le pouvoir. De leur côté, ils ont annoncé la couleur. Le référendum ne se tiendra pas à travers leur commune. Un meeting est prévu par la CCW Bouira au niveau du chef-lieu de la wilaya. Les délégués expliqueront à la population le pourquoi du rejet des élections. Karim Tabbou du FFS affirme qu'il n'est pas étonné par la déclaration du chef de l'Etat qui «a toujours montré son hostilité à tout pluralisme». Pour le porte-parole du FFS, le président de la République «comme il a déclaré son opposition à tout pluralisme syndical, il vient de démontrer son aversion pour tout discours contradictoire». Quant aux conséquences sur la région que pourraient avoir les propos du chef de l'Etat, Karim Tabbou en minimise l'impact, en affirmant que «la population ne se fait aucune illusion sur le pouvoir en place». Le parti d'Aït Ahmed considère que les citoyens de Kabylie n'accordent aucune importance à ce genre de «provocation». M.Tabbou va jusqu'à dire que le meeting animé par le chef de l'Etat à Tizi-Ouzou n'a pas drainé les foules et que «des populations ont été amenées hors de Kabylie pour assister au discours» du président. Le RCD et le MAK, autres partis implantés dans la région, étaient injoignables hier et l'on suppose qu'ils étaient en conclave pour se positionner par rapport à la dernière sortie de Bouteflika sur la question de tamazight.