Le rejet de la présidentielle et le retour “inspiré” à la rue seraient cette fois-ci la face cachée de la médaille. Dans le cas où le pouvoir ne répondrait pas à l'ultimatum des archs, chose sur laquelle on peut anticiper d'ailleurs, que fera le mouvement citoyen, lui qui est gagné aujourd'hui par une crise jamais égalée ? Le rejet de la présidentielle et le retour “inspiré” à la rue seraient cette fois-ci la face cachée de la médaille. Les rencontres parallèles qui se tiennent, aujourd'hui, notamment à Tizi Ouzou et à Béjaïa, prouvent si besoin est, que les archs de Kabylie sont profondément divisés sur la stratégie à adopter et la démarche à suivre en cette période charnière de la vie du mouvement citoyen. Car, en fin de compte, le dialogue, pour lequel certains délégués s'imaginent déjà en train d'ajuster leurs cravates, reste la pomme de discorde qui a concouru à la division des archs. Les participants au dernier conclave de l'Interwilayas de l'Intht de Tizi Ouzou tout comme les “boycotteurs” de cette rencontre devaient donc tenir, hier, séparément, des réunions de travail au niveau de chaque wilaya, où les armes seront sans doute affûtées. Alors que l'aile d'Imzizou de la coordination des archs, daïras et communes (CADC) se réunit à Tizi-Rached en session extraordinaire, les autres coordinations locales de Tizi Ouzou ne vont pas rester les bras croisés. À Boudjima, les délégués de la Kabylie maritime seront en réunion d'urgence pour analyser la situation à la lumière des derniers développements survenus. D'autres coordinations vont rejoindre la réunion de Boudjima où un travail de réunification sera entrepris. Pour sa part, l'aile de Mechtras mène pratiquement le même travail de fond. Tous ces efforts convergent vers un seul objectif : recoller les morceaux “éclatés” de la CADC, avant d'arriver à la tenue d'un conclave de l'Interwilayas, probablement aux Ouadhias (wilaya de Tizi Ouzou). Dans la capitale des Hammadites, c'est pratiquement le même topo : deux conclaves parallèles devaient avoir lieu dimanche, l'un ordinaire à Aït-M'likèche rassemblant les coordinations locales ayant participé à la dernière Interwilayas, l'autre extraordinaire à Akbou réunissant les coordinations ayant boycotté l'Interwilayas. Ce “conclave de vérité” est convoqué par la coordination d'Akbou afin d'aplanir les divergences et sauvegarder l'unité des rangs de la CICB. La guerre de légitimité et de représentativité n'a pas manqué de déteindre sur les archs de Bouira. La Coordination des comités citoyens de la wilaya de Bouira (Cccwb), dont le parcours dans la protesta est chaotique, est, elle aussi, divisée sur cette question de dialogue. Et pour cause, la Cccwb a participé à la réunion de l'Intht, en rangs dispersés, et adopté le document de mise en œuvre sans que le sien connaisse le même traitement, comme l'exige le fonctionnement du mouvement citoyen. Il y a donc manifestement entorse et violation des principes directeurs des archs. À quelle logique répond cette fuite en avant, dont les conséquences risquent d'être fatales pour le combat du mouvement citoyen ? Le meeting de demain à Bouira est à ce propos important. Epargnées jusque-là par cette crise que vivent les archs, les coordinations d'Alger et de Boumerdès se disent interpellées par la tournure que prennent les évènements. La CADC de Boumerdès, qui n'a pas pris part à la dernière réunion de l'Interwilayas, se réunira aujourd'hui dans la ville de Boumerdès pour faire le point sur la situation. La participation “partielle” de la coordination d'Alger à la réunion de l'Intht de Tizi Ouzou, la semaine dernière, risque de susciter des remous parmi les délégués d'Alger. Ces derniers, qui ont adopté une démarche “réconciliatrice” pour réunifier les rangs des archs, devaient tenir une réunion, dimanche, où l'on s'attend à leur démarcation des résolutions de la dernière Interwilayas. Pour Smaïl Abdenbi, rien ne se fera sans la réunification des rangs du mouvement citoyen, aujourd'hui gagné par des divisions auxquelles le pouvoir ne peut pas être étranger et dont l'ultime objectif demeure la normalisation de la région en prévision de la prochaine élection. Mais alors, que va-t-il se passer après l'expiration de l'ultimatum considéré comme “nul et non avenu” par beaucoup de coordinations et surtout parmi celles qui ont pignon sur rue ? La rencontre de l'Interwilayas de jeudi prochain à l'Intht ne sera qu'une formalité pour entériner les décisions arrêtées préalablement. Renouera-t-on avec la rue sans au moins la moitié de la Kabylie ? ou bloquera-t-on la présidentielle sans le consensus qui fonde l'esprit et le fonctionnement du mouvement citoyen, sachant que les archs ont réussi leurs actions grâce justement à ce sacro-saint consensus qui a fait la force du mouvement ? Apparemment, c'est le prix à payer pour agréer un cahier des charges occulte. Et dans l'affaire, ce sont la Kabylie et son mouvement qui perdent ! Y. A.