Les intervenants se sont succédé à la tribune pour expliquer les résolutions du dernier conclave à Amizour. Pas moins de dix animateurs, venus de Bouira, de Tizi Ouzou et de Béjaïa, ont répondu à l'appel de la Coordination des quartiers et villages de Tazmalt (ârchs N'ath M'likech) pour animer un meeting populaire dans la soirée de mercredi dernier. Devant une foule de curieux et de sympathisants, les intervenants se sont succédé à la tribune pour expliquer les résolutions du dernier conclave de l'interwilayas à Amizour. L'occasion a été saisie par les animateurs de l'interwilayas pour réitérer la position: retenue à l'unanimité lors du conclave extraordinaire de Semaoun. A quelques rares exceptions, les différents intervenants ont abondé dans le même sens. Même l'avancée pourtant reconnue au discours officiel, n'a pas été à l'ordre du jour. Usant d'un langage simple, les orateurs ont tenté d'expliquer les tenants et aboutissants de cette nouvelle donne politique en faisant preuve d'une grande méfiance à l'égard de la démarche du pouvoir. Citant en appui plusieurs exemples puisés dans l'histoire récente et lointaine du pays, les animateurs des ârchs ont longuement dénoncé «les faux-fuyants et autres solutions de replâtrage du pouvoir». Ils ont fortement insisté sur «l'engagement public et officiel», pour certains du président et, pour d'autres, de la présidence. Abordant la libération des détenus, Beza Benmansour, un des intervenants, retiendra le vocable «nationalistes» utilisé par Ouyahia pour qualifier les délégués. «Si tel est le cas qui sont alors ceux qui les mettent en prison?», s'est-il interrogé, avant de préciser la position de l'interwilayas par rapport au dialogue: «Nous irons au dialogue pour la mise en oeuvre des revendications.» Lui succédant, Farès Oudjedi d'Akfadou, insistera sur la nécessité de barrer la route «à ceux qui prônent la division», car «tant que nous restons unis, le pouvoir reculera», en faisant le lien avec la conjoncture actuelle, qui, d'après lui, est «venue grâce à votre mobilisation, mais aussi aux pressions internationales». «Le pouvoir est sommé de régler la crise», clamera-t-il. Contrairement aux précédents intervenants, qui ont axé leur discours sur l'actualité, Rachid Allouache s'est attardé sur l'histoire du pays en rappelant «tous les assassinats politiques qui ont marqué les 41 ans d'indépendance». D'autres intervenants, à l'image de Hakim Kacimi de Bouira et Zahir Benkhellat de Béjaïa, ont, comme leurs camarades, fustigé les partis politiques et plus particulièrement le Front des forces socialistes accusé de «trahison». Les élus du FFS ont été traités, à l'occasion de tous les noms d'oiseaux. Mais l'intervention de Athman Mazouzi sera marquée par un appel à l'endroit de ses camarades «pour ne pas se tromper d'ennemi». Il fera une sorte de mise au point aux nombreuses flèches décochées aux formations politiques «qui étaient d'un apport appréciable au mouvement citoyen», a-t-il jugé. Trois heures après, l'assistance, s'est dispersée dans le calme. Signalons enfin, l'absence remarquée et inexpliquée du délégué d'El Kseur, Ali Gherbi à cette rencontre avec la population de Tazmalt. Même si les animateurs se sont montrés radicaux, il n'en demeure pas moins que le fait d'aborder la question du dialogue, est en soi, une avancée vers le règlement de la crise de Kabylie, estime-t-on dans la région de Basse Kabylie.