Actuellement, largement dominante, cette formation peut-elle, pour autant, maintenir ce souffle dans le temps. Un premier test l'attend. Des deux rendez-vous électoraux de 2002, législatif et local, le FLN est sorti grand vainqueur. Ses scores sont là: 199 députés, à l'APN, où il domine six sur douze des plus importantes commissions parlementaires (défense, affaires étrangères, juridique, finances...), en plus des 48 APW et de 800 APC. Seulement, est-il pour autant le grand parti du pays, surtout de demain? La question mérite d'être posée. Pour y répondre, il y a, au moins, deux scénarios à examiner. Le premier donnant le FLN «vainqueur par défaut» dès lors que l'élection n'a pas attiré les bousculades habituelles lors, notamment, des législatives du 30 mai 2002 (46,17% dont 10% de vote nul). L'Algérien, las de voter, dit-il, «pour rien», n'a pas jugé utile d'y aller en masse, pour cette fois. Il ne serait question, à suivre les auteurs de cette «éventualité», que du dernier «grand souffle» d'une agonie latente, sauf si, éventuellement, les militants de ce même parti lui donnent un sérieux coup. Or, à ce stade, une telle argumentation se termine, lamentablement, sur une impasse, d'autant plus qu'elle émane (l'hypothèse ou le scénario) de milieux partisans autres que le FLN évidemment. Sur quoi? Si le FLN a pu, en 2002, décrocher une victoire écrasante, «malgré» une abstention importante, cela vaudrait dire, aussi, que le reste des partis politiques n'est pas, à l'instar du FLN, en agonie, mais, plus exactement, cliniquement mort, voire sans chance d'y «revenir». Poursuivant plus loin ce cheminement, les mêmes milieux partisans n'avancent rien de palpable pour se placer solidement comme force politique au sein du vide ambiant. Comptent-ils, à leur tour, sur d'autres événements pour décrocher une hypothétique victoire, «par défaut». Encore une fois, c'est plus que lamentable. Le deuxième scénario donne le FLN actuel pour seul grand parti du pays. Pourquoi? A priori, cette vision repose «essentiellement» sur son nouveau positionnement institutionnel. En outre, son discours moderniste semble, nous dit-on, en séduire plus d'un. Les propos, tenus jusqu'ici par son secrétaire général, et néanmoins Chef du gouvernement, se recoupent, vraisemblablement, avec cela. Ce dernier ne cesse de faire du rajeunissement de son parti son credo. Il peut, à ce titre, se prévaloir d'avoir le plus important quota de femmes députés (17) à l'APN. Toujours est-il que cela reste des atouts à capitaliser, pas plus. Toutefois, même si le premier scénario ne tient pas «la route», le second serait-il, encore une fois «par défaut», un schéma plausible? Pas certain. Car s'il est vrai que l'ancien parti unique revient de loin, sa situation actuelle de dominance ne lui accorde pas, pour autant, un avenir irrémédiablement «radieux». Pour ce, il doit passer, avec succès, précisément, cette phase d'attente. Les résultats du gouvernement, et donc de son secrétaire général, comptent, au même titre que le bilan, depuis près de quatre ans (déjà) de ses représentants locaux, notamment des APC. Ce parti dispose de militants de base fidèles, d'infrastructures sur l'ensemble du territoire national et bien d'autres atouts. Or, tout cela ne peut lui garantir une quelconque pérennité que lorsque son bilan, à tous les échelons, serait positif. C'est cela la clé de réussite et rien d'autre. L'installation de «la commission de suivi des élus» FLN, présidée par Karim Younès, actuel président de l'APN, au début de cette année, est, apparemment, motivée par ce désir «de rester», à la régulière, aux commandes. Saura-t-elle relever son propre défi? L'avenir, désormais, proche, nous le dira. Le FLN «renaît de ses cendres» ou «agonie latente»? Le choix dépendra du parti lui-même. Les expériences, ici et sous d'autres cieux, nous enseignent une seule vérité: rien n'est acquis.