Alors que l'APN discute du programme du gouvernement Belkhadem II, ce dernier met la dernière touche à un avant-projet de loi organique modifiant la loi organique de 1997 relative au régime électoral. Dans les faits, cet avant-projet vise à durcir encore davantage les conditions de participation aux élections locales et législatives. Alors que l'article 82 de la loi de 1997 prévoyait la possibilité à des candidats indépendants de se présenter à ces élections à condition que leur liste recueille la signature d'au moins 5% des électeurs de la conscription concernée, l'amendement proposé par le gouvernement introduit de nouvelles conditions notamment concernant le parrainage de candidatures. Ces critères de parrainage, qui devront être introduits dans un régime électoral basé sur le scrutin proportionnel, cachent mal, en réalité, la volonté du pouvoir d'écarter les « petits » partis politiques qu'il considère comme n'ayant presque ou pas d'ancrage dans la société. Des politiques qui seraient tentés par le procédé du parrainage en question de contourner leur handicap de faible implantation locale, régionale ou nationale. Un point de vue largement partagé au sein de l'Alliance présidentielle qui a particulièrement tenu à dresser des barrières devant ce qu'elle considère comme étant des petites formations au regard de l'importance du nombre de partis représentés à l'APN, c'est-à-dire 22. Toujours est-il que cela ne règle pas pour autant la question de la participation des électeurs au scrutin, comme ce fut le cas le 17 mai dernier. Le faible taux enregistré en la matière, un peu plus de 35%, a permis au FLN d'arriver en tête des législatives avec 136 députés, c'est-à-dire 34% des 389 sièges que compte l'Assemblée nationale. Alors qu'il n'a obtenu qu'un peu plus de 19% des suffrages exprimés. En d'autres termes, il est loin de représenter les plus de six millions d'Algériens qui sont allés voter et avec 7% du total des inscrits. Le deuxième parti, en l'occurrence le RND et ses 61 sièges, n'a en fait obtenu que 8,8% des suffrages exprimés et ne représente qu'un peu plus de 3% de l'électorat estimé à 18 millions d'inscrits. Quant au MSP de Bouguerra Soltani, avec ses 52 députés, il n'a attiré la faveur que de 8,2% des votants du 17 mai. Et un peu moins que le RND d'Ahmed Ouyahia par rapport aux 18 millions d'inscrits. Comme on peut donc le constater, le FLN est loin d'avoir eu la majorité simple en termes de sièges puisqu'il aurait fallu plus de 194 députés ! En d'autres circonstances, il n'aurait pu gouverner tout seul, sans l'Alliance présidentielle qui totalise 249 sièges au sein de l'Assemblée populaire. Du coup, elle détient la majorité simple, sans plus. Pour l'heure, l'Alliance présidentielle est à l'abri d'une opposition constituée par les 140 députés restants, représentant 18 partis de coloration politique diverse et 33 indépendants. On est en droit de s'interroger sur les motivations réelles qui ont poussé le gouvernement avec l'appui de certaines formations politiques, à revoir la loi électorale actuellement en vigueur. Est-ce que les scores enregistrés par les trois partis au pouvoir n'ont pas été déterminants dans l'option retenu d'amender une loi qui a permis l'entrée à l'Assemblée de 22 partis et deux dizaines d'indépendants à la suite du ralliement d'une dizaine d'autres à l'ex-parti unique ? N'est-ce pas là une manière comme une autre d'imputer une telle situation au mode de scrutin proportionnel actuel et de proposer les moyens d'en atténuer les effets. La tentation de retourner à une situation hégémonique au sein des Assemblées élues est forte comme on peut le constater avec l'acharnement du gouvernement à vouloir changer la loi dans ce sens.