Le FLN post-indépendance jouera un grand rôle dans l'éveil de la conscience nationale des mouvements africains et asiatiques. La guerre de libération conduite en Algérie par le Front de libération nationale a induit un vaste mouvement d'émancipation dans le monde et constitué une école de militantisme qui a trouvé ses adeptes parmi des hommes qui sont devenus les symboles de la libération de leur pays. C'est en Algérie que le mythique Ernesto Che Guevara est venu se ressourcer, c'est encore à Alger, auprès des vétérans du FLN, que le charismatique chef de l'ANC (African National Congress), Nelson Mandela, qui consacra sa vie à combattre l'apartheid dans son pays, l'Afrique du Sud, s'est, au contact d'hommes du terrain, imprégné de ce principe cardinal du droit des peuples à l'autodétermination. Le FLN, qui déclencha, le 1er Novembre 1954, la lutte libératrice, s'est également investi dans le large mouvement international de décolonisation formalisé, dès 1956, par le premier sommet de Bandoeng (Indonésie) de ce qui deviendra le Mouvement des Non-Alignés. La délégation du FLN y jouera un rôle prépondérant, parlant d'expérience et exposant déjà ce qui deviendra, par la grâce du Conseil de sécurité de l'ONU, le socle de la décolonisation dans le monde: la résolution 1454 (XV/1960) consacrant le droit des peuples colonisés à l'autodétermination. Après l'indépendance de l'Algérie, arrachée de haute lutte, le FLN ne remise pas pour autant au placard son engagement internationaliste faisant bénéficier de son expérience les mouvements de libération africains et asiatiques notamment. Dans les années soixante et soixante-dix, Alger est ainsi devenue la mecque des mouvements de lutte pour les indépendances, une destination incontournable pour tout militant, pour tout révolutionnaire soucieux de mettre le plus d'atouts de son côté. Le MPLA angolais, le PAIGC guinéo-cap-verdien, le Frelimo mozambicain, pour ne citer que ceux-là, et une nuée de mouvements de libération venus d'Afrique et d'Asie, avaient élu domicile dans la capitale algérienne. Fidèle aux principes édictés dès l'entame de la guerre de libération, le FLN, alors parti unique, soutiendra de même le droit du peuple sahraoui, conduit par le Front Polisario, à l'autodétermination, conformément au plan de paix ONU-OUA. Le rôle du FLN, dans l'avènement de la constitution des mouvements palestiniens, n'est pas moindre aussi, par l'encouragement qu'il prodigua, notamment, à la résistance palestinienne, jusqu'alors dispersée, à s'unir sous la bannière d'un mouvement de lutte qui puisse mieux faire entendre la voix des Palestiniens au plan international. La création du Fatah, d'Abou Ammar (Yasser Arafat) et d'Abou Djihad (Khalil Al-Wazir, assassiné par le Mossad israélien en 1984 à Tunis), en janvier 1965, entrait dans ce cadre. La réunification des mouvements palestiniens sous la houlette de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) donnera à la résistance palestinienne, longtemps étouffée par les régimes réactionnaires arabes, l'autonomie lui permettant, enfin, de faire entendre sa voix, celle du peuple palestinien. Un an après l'Intifada de 1987, en octobre 1988, à l'invitation du secrétaire général du FLN, Alger accueillit le plus important congrès du Conseil national palestinien (CNP), la plus haute instance délibérative palestinienne, qui imprégna un important tournant à la lutte du peuple palestinien pour l'érection de son Etat indépendant. Le CNP d'Alger ouvrit la voie ensuite au processus de paix qui donna aux Palestiniens de négocier directement avec les Israéliens l'accord d'Oslo de 1993. Outre sa contribution à aider les peuples colonisés à se libérer, le FLN prendra dans les années 70 la tête du mouvement «tiers-mondiste» d'émancipation économique préconisant lors du sommet des Non-Alignés, qui s'est tenu en avril 1973 à Alger, ensuite lors du discours, la même année, du Président Boumediene, secrétaire général du FLN, à l'ONU, par lequel au nom des Non-Alignés l'Algérie formalisait pour la première fois la mise en oeuvre d'un nouvel ordre international, plus ouvert et plus soucieux des équilibres et du développement de pays jusqu'alors laissés en marge de la croissance mondiale. Nonobstant les difficultés inhérentes à l'indépendance, au fait qu'il fallait tout construire et inventer en Algérie, le FLN post-indépendance n'en jouera pas moins un rôle de premier ordre dans l'éveil et l'émancipation des peuples colonisés faisant de la capitale de l'Algérie une étape incontournable pour tout mouvement qui s'est investi de la mission de libérer son pays.