«Où va l'eau des pluies qui inondent nos rues, nos canalisations et nos oueds ?» «Dieu nous a pourvus d'eau en abondance, mais celle-ci va directement regagner la mer sans que personne bouge le petit doigt», soupiraient des citoyens réfugiés dans un café pour s'abriter du froid et des pluies récentes qui ne cessaient de tomber sur la ville des Roses, fraîchement arrosée après de longues semaines et même des mois de sécheresse. Dans la tiédeur des cafés et des salons de thé ou dans les foyers, les discussions sur le thème revenaient couramment. «Où va l'eau des pluies qui inondent nos rues, nos canalisations et nos oueds? Pourquoi est-elle ainsi délibérément délaissée sans que nos responsables songent à la préserver alors qu'ils ne cessent de cacher leur incompétence par le seul élément de la sécheresse? A combien peut-on l'estimer annuellement. Comment fera-t-on pour la mobiliser et à quel prix?» Les dernières pluies ont eu le mérite, outre le fait de permettre de souffler un petit peu, de mettre à nu les thèses alarmistes de manque structurel d'eau. Ces quelques éléments se dégageant d'une réflexion apparemment anodine de la part de simples gens, renvoient tout de même à un problème de fond. Comment faire pour endiguer le fléau de la pénurie d'eau et éloigner définitivement le spectre de la sécheresse? Car à bien y penser, il y a bien une solution qui consisterait à retenir cette eau aussitôt tombée du ciel, presque aussitôt canalisée vers la mer. Environ 200 millions de mètres cubes d'eau issue des précipitations des bassins versants des monts de l'Atlas, entourant la longue plaine de terres fertiles de la Mitidja, s'étendant sur plus de 120 km d'est en ouest, sont, chaque année, en moyenne déversés directement à la mer, selon des estimations officielles. Cette année a été exceptionnelle grâce aux récentes pluies et chutes de neige. Les quantités d'eau déversées à la mer le sont aussi. Les responsables locaux ne disposent pas encore de chiffres fiables et définitifs. Ils n'hésitent cependant pas à avancer qu'il avait plu jusqu'à un mètre d'eau pour les trois derniers mois, soit un chiffre comparable aux normes des régions les plus arrosées pour une année. A plus de deux semaines de la dernière vague de froid, l'eau continue de couler en abondance dans les grands oueds et leurs affluents comme peuvent le constater les passagers sur les ponts des routes traversant les oueds Djer, la Chiffa à l'ouest et celui d'El-Harrach à l'est, notamment au niveau de Bougara.