Le HCA se propose de faire le lien entre trois concepts afin d'atténuer le «séisme identitaire». Le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) organise, durant trois jours, un colloque scientifique autour du thème: «Identité, langue et Etat». Animé par des universitaires, ce colloque tentera de répondre aux mouvements sociaux revendiquant l'officialisation de tamazight, un concept lourd de sens et qui mériterait une bonne définition. «...Il a fallu plus de 40 ans pour que l'Etat algérien accepte, pour la première fois, d'ouvrir un débat scientifique sur ses principales composantes. Permettez-moi d'affirmer d'entrée de jeu en laissant éclater ma conviction la plus profonde, que si l'Algérie est là où elle est aujourd'hui, c'est précisément parce que ses dirigeants successifs, détenteurs du pouvoir d'Etat, ont fait une impasse tragique sur son identité authentique et sur l'une de ses langues», dira M.Khalfa Mammeri dans une longue communication qui rappelle que l'identité et la langue maternelle d'une personne ont un droit antérieur sur l'Etat. Ces deux composantes sont des marqueurs de personnalité comme les gènes le sont pour l'homme. La communication de M.Mammeri va jusqu'à se demander «s'il est vrai que le peuple algérien est pratiquement à 99,99 % d'origine berbère comme l'affirment Ibn Khaldoun et Charles-André Julien, pourquoi tant de controverses et de passions agitent encore les Algériens à propos de leur identité?» La conférence de M. Haddadou, programmée hier matin, était axée surtout sur la question des emprunts anciens au berbère. Question linguistique ou enjeu économique? L'intervenant retrace dans son résumé la nécessité pour toute langue, afin de se développer, des influences et interférences scientifiques des autres civilisations. «Cependant, l'emprunt ne constitue une menace réelle sur la langue réceptrice que lorsque les mots empruntés ne sont pas intégrés et forment un corps étranger...», explique M.Haddadou. En marge de ce colloque, un point de presse a été improvisé et animé par M.Merrahi, SG du HCA, et le docteur Mouloud Lounaouci au siège de la Bibliothèque nationale. Répondant aux questions des journalistes, M.Merrahi déclare que le budget alloué par l'Etat et consacré au financement des colloques était loin d'être suffisant. «Nous sommes obligés de faire appel au sponsoring pour combler ce manque. 500 millions de centimes ne sont pas à la hauteur de nos objectifs» , déclare-t-il. M.Merrahi déclare également que ce colloque de trois jours, est géré par des universitaires et doit faire le lien entre les trois concepts: le mouvement citoyen, les intellectuels et les politiques afin d'atténuer ce flagrant séisme identitaire. «Pour pouvoir affronter cette globalisation, il faut un Etat unitaire consolidé dans son identité. La reconnaissance de ses deux langues sont un passage obligé», dira-t-il en mettant le doigt sur la nécessité d'une radio locale à Tizi Ouzou et d'un quotidien en tamazight afin de répondre aux segments territoriaux. A notre question relative au mouvement des ârchs et l'impact du MCB à l'étranger, M.Lounaouci répond: «Plus que solidaires avec ce mouvement de jeunesse, nous nous sommes tus voilà presque deux ans pour les laisser s'exprimer. Nos enfants sont dans la rue avec notre aval et ils ont réussi à satisfaire ce que nous avons revendiqué en 20 ans. Concernant notre impact à l'étranger, nous sommes les fondateurs du Congrès mondial amazigh (CMA). Nous assistons à toutes les institutions onusiennes relatives aux droits linguistiques et aux droits de l'Homme ; au même titre que les officiels algériens». M.Lounaouci ne manque pas de défendre la thèse de «l'Etat unitaire régionalisé» qui serait, selon lui, la solution la plus compatible avec la Constitution nationale.