Le mouvement de contestation est plus que jamais à la croisée des chemins. La politique de tout ou rien prônée par certains délégués, soutenus par des cercles hostiles à toute issue et qui veulent imposer leur diktat à toute une région, est en voie de voler en éclats après les derniers développements. La stratégie adoptée par les différents protagonistes, qui a semblé jusque-là aboutir à une impasse, est sur le point de subir des chamboulements pour déboucher sur des actions plus en adéquation avec la nouvelle donne induite par le nouveau communiqué que la présidence de la République s'apprêterait à rendre public, et cela avant le 20 avril, dans lequel elle invite le mouvement citoyen à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. De ce fait, les adeptes du radicalisme à outrance se retrouveraient plus que jamais à la croisée des chemins après que des voix fortes et influentes se furent élevées pour dire que seuls le dialogue et une prise en charge réelle des problèmes socio-économiques de la région sont à même de résoudre définitivement une crise qui dure depuis deux années. Ces voix sont convaincues que le volet politique est conditionné par l'économique. En effet, les opérateurs économiques de la région ont décidé de prendre le taureau par les cornes en mettant tout un chacun devant le fait accompli et sont sommés d'assumer leur responsabilité devant l'histoire pour préserver le tissu industriel florissant autour de la vallée de la Soummam. Ce discours vient en droite ligne de celui que Ali Benflis a tenu le 6 décembre 2002 avec les dialoguistes et qui avait pour objectif la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Dans ce texte, et au chapitre socio-économique, signé par six délégués, le gouvernement avait pris des engagements spécifiques au profit exclusif de la Kabylie avec un plan d'emploi pour les jeunes des wilayas concernées, l'organisation d'un Conseil de gouvernement décentralisé à Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, l'accroissement de l'offre d'emploi par la reprise de la production et de l'investissement productif et l'encouragement en direction des jeunes pour la création de PME en plus d'une réforme monétaire et d'une refonte du système fiscal ainsi qu'une lutte contre l'inflation. D'ailleurs, l'Etat a déjà concocté un plan d'urgence en dégagent une enveloppe de 1800 milliards de centime à laquelle est venue s'ajouter une rallonge de 500 milliards pour la seule wilaya de Béjaïa. Les opérateurs économiques de cette région viennent, ainsi, tendre une perche aux radicaux, en leur donnant des raisons de s'engager dans la voie du dialogue, sans être la honte de leurs concitoyens. Une perspective accueillie par certains délégués comme une aubaine pour peu qu'elle soit accompagnée d'un engagement solennel des pouvoirs publics. La réussite d'une telle manoeuvre deviendrait nécessairement un argument de taille dans la perspective de la campagne électorale présidentielle qui s'annonce. Mais la question que bon nombre d'observateurs se posent a trait à la réaction des protagonistes à l'approche de cette échéance. Cette question mérite largement d'être posée, car il est maintenant établi qu'une majorité de la population favorable au dialogue rejette cet état de pourrissement qu'elle a trop enduré. Aussi est-il fort intéressant de connaître la nouvelle position des partis politiques qui ont brillé par leur absence. Envisagent-ils de se remettre en selle pour la course électorale à venir en investissant, même tardivement, le terrain vacant des idées politiques ou bien continueront-ils à prêcher la politique de la terre brûlée? D'ores et déjà, certaines informations laissent croire que Saïd Sadi aurait émis le voeu de se présenter en solo à la prochaine présidentielle après que son parti eut boycotté les dernières élections législatives et communales. Alors que rien ne filtre pour le moment du parti de Aït Ahmed. De ce fait, les débats en Kabylie font peu de place à la question de la «bonne gouvernance».