Certains partis politiques sont unanimes pour dire que cette situation découle d'une politique délibérée. Dans un message adressé aux travailleurs à l'occasion de la célébration de la Journée internationale du travail, M.Ali Benflis, secrétaire général du Front de libération nationale, parti majoritaire au pouvoir, s'est déclaré solidaire de toutes les revendications des travailleurs et qu'il reste convaincu que «seule une société de partage et de juste répartition des richesses et des sacrifices peut assurer à notre pays la stabilité dont il a, grandement, besoin». Cette solidarité est dictée par le souci de défendre «l'idéal de liberté et de démocratie ainsi que les fondements de la République contre les dangers de la régression et de l'immobilisme». Faisant un clin d'oeil à la Centrale syndicale, le FLN souhaite mobiliser toutes les forces de progrès et entretenir avec elles, et particulièrement avec l'Ugta, une relation fondée sur le partenariat «pour qu'ensemble, nous puissions dessiner les contours de cette Algérie du progrès et de justice sociale à laquelle aspire nos concitoyens». A l'opposé, le Front des forces socialistes, fidèle à sa ligne de conduite, n'y est pas allé avec le dos de la cuiller pour accuser les pouvoirs publics d'être derrière cette situation qui nuit aux travailleurs. «La Journée internationale du travail a été célébrée dans un climat de violences multiformes, de précarité et d'incertitudes», selon une déclaration du secrétariat national de ce parti. En outre, le plus vieux parti de l'opposition accuse les pouvoirs publics d'être la cause principale de la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs «au lieu de mobiliser les ressources de l'Etat et de concrétiser l'activité du gouvernement et de l'administration en vue de mettre fin aux souffrances du peuple algérien, le pouvoir et ses relais tentent, au contraire, de cacher le désastre qu'il a créé en focalisant les débats sur le prochain scrutin présidentiel». Une situation qu'il qualifie «d'illusion de façade dans l'édifice des institutions bâties sur la fraude massive». Un constat qu'il justifie par l'absence de réactions aux scandales financiers ayant émaillé la scène politique nationale. «Les fortunes colossales amassées en dehors de toute légalité au détriment des intérêts des travailleurs et sur les ruines de l'économie nationale et de l'appareil de production, mettent en lumière la complicité dont jouissent les réseaux de la prédation et l'impunité totale et flagrante dont ils disposent», lit-on dans la déclaration. Devant le mépris, l'arrogance et la hogra qu'affichent les pouvoirs publics à l'égard des travailleurs exploités, le secrétariat national du FFS considère qu'«il est indécent de rester indifférent et complaisant devant cet état de fait». Devant cette situation «dégradante des travailleurs» le parti d'Aït Ahmed remet en cause l'existence de syndicalisme en Algérie. «De quel syndicalisme peut se targuer la direction de la centrale syndicale qui reste muette quand les travailleurs assistent au transfert de leurs propriétés au profit d'un cercle de décideurs qui accaparent en toute impunité les deniers de la population?» Pour le FFS, la Centrale syndicale est «associée et complice de toutes les stratégies autoritaires d'étouffement de la volonté populaire et de bazardisation de l'économie dont l'objectif n'est autre que la neutralisation de toute dynamique d'émancipation des salariés». Abondant dans le même sens, le Parti des travailleurs, tout en affirmant son attachement à l'unité des travailleurs pour défendre l'économie nationale, a appelé le monde du travail à se mobiliser et à faire preuve de ‘‘plus de vigilance''. Pour le parti de Louisa Hanoune, il est inconcevable qu'au moment où les réserves de changes excèdent les 23 milliards de dollars «aucune mesure gouvernementale n'est venue améliorer les conditions de vie et de travail en régression du fait de l'absence de l'échelle mobile des salaires». Poussant son réquisitoire plus loin, le PT accuse le gouvernement de faire dans la provocation «en mettant en oeuvre son programme de privatisation menaçant par là même des centaines de milliers d'emplois alors que le chômage touche plus de 35% de la population en âge de travailler». Cet état de fait ne sera qu'accentué avec la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC. Selon le PT, «à travers les projets de création de zones franches, l'entrée dans l'OMC et la multitude de «réformes», ce sont l'unité des travailleurs, leur droit à l'organisation syndicale qui sont menacés de liquidation par la déréglementation et la remise en cause des statuts et des législations nationales qui fondent l'unité et la continuité de la République». De ce fait «seule l'unité des travailleurs peut faire barrage à la liquidation des entreprises publiques et défendre l'économie nationale'', a-t-il déclaré dans un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion consacrée à l'état d'avancement des activités de la commission de préparation du congrès du parti. Quant à Abdallah Djaballah, président du Mouvement de la réforme nationale (MRN), il a affirmé le soutien de son mouvement au dialogue entre les pouvoirs publics et la Centrale syndicale à condition que «ce dialogue soit au service de l'intérêt des travailleurs et de l'économie nationale» lors d'une conférence organisée au club d'El-Moudjahid consacrée à l'examen de dossiers relatifs aux hydrocarbures, à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), au système éducatif et à l'amendement de la loi électorale.