Mieux vaut prévenir que guérir, dit cette bonne maxime campagnarde. Mais alors que le mal est fait, pourquoi se plaindre et à quoi peuvent servir tous ces «médecins» appelés au chevet du moribond. D´habitude, «C dans l´air» est une émission sérieuse qui est bien préparée. L´animateur, très au fait de son sujet, ne manque pas de convoquer les spécialistes ad hoc pour passer au peigne fin tous les éléments du problème posé. Les analyses sont en général confrontées, soit aux avis des experts, soit à des reportages exécutés pour la circonstance. L´émission, quand le sujet le permet, fait dans la prospective. La fin de l´émission est clôturée par les questions des téléspectateurs aux participants. Ce vendredi 9 avril a été consacré, comme de bien entendu à l´élection présidentielle en Algérie. Les invités, outre l´inévitable Antoine Sfeir, des «Cahiers de l´Orient», étaient G.Morin, sociologue, spécialiste de l´Algérie, Smaïl Goumeziane, économiste et ancien ministre du gouvernement Hamrouche. Il ont tenté de prendre le pouls de l´Algérie malade de ses élections qui vont faire couler beaucoup d´encre, de son économie informelle qui s´étend comme une lèpre sur un pays riche et un pauvre peuple et sur le problème épineux de la Kabylie qui risque de reprendre son importance initiale, une fois la fièvre des élections apaisée, les passions refroidies et les promesses d´Ouyahia oubliées. Le débat a été vif et tout ce beau monde, surtout le porte-parole de Benflis, ont été d´accord que la Kabylie présente des spécificités par rapport aux autres régions de l´Algérie et qu´elle semble être l´oubliée des plans économiques algériens. C´est M.Meziane Goumeziane qui relativisera cette assertion en affirmant que beaucoup d´autres régions connaissent le même abandon du pouvoir central, que la Kabylie. Ce qu´ont oublié ces chers conférenciers c´est que des hommes de science français Hanoteau et Letourneux ont, au lendemain de la colonisation française, relevé les grandes caractéristiques de la Kabylie: «Pays montagneux, sol ingrat qui ne nourrit pas son homme, langue berbère, pays de liberté où l´organisation politique se fait dans une assemblée appelée la djemaâ, où la mosquée n´a pas de rôle politique...». C´est cela la grande caractéristique de ce pays, refuge d´un «peuple frondeur». Boumediene, qui était clairvoyant, n´avait pas hésité, pour calmer les esprits d´insuffler de conséquents investissements que ses successeurs ont vite fait, d´une manière ou d´une autre, stériliser. La dernière question fut: «Est-ce que les Américains prennent une place de plus en plus importante en Algérie?». Oui, et ce n´est pas depuis l´arrivée de Bouteflika, mais depuis l´arrivée de l´intégrisme islamiste.