J´avais parlé hier de certains artistes français qui, au lendemain de la libération, avait créé un point de rencontre à Saint-Germain des Prés pour vivre au grand air ce qu´il ne pouvait vivre que dans la clandestinité, l´insécurité ou le doute. Au moment où la société européenne était sollicitée à droite ou à gauche, les intellectuels, ou au moins beaucoup d´entre eux, se sont déterminés et ont choisi leur camp. Beaucoup d´artistes, comédiens et chanteurs ont fait de même au gré de leurs origines de leur culture, de leur éducation ou de leurs affinités... Cependant, beaucoup d´artistes ont préféré regarder ailleurs et se préoccuper plutôt du sens de l´existence, de la leur en premier chef, et à profiter des bienfaits que leur offre cette vie qui s´est montré bien prodigue envers eux. La question de l´engagement de l´artiste reste entier dans cette période de guerre froide. Le cinéma américain n´échappe pas à ce climat. Après les années de guerre où des films ont été produits par Hollywood pour mobiliser la population américaine dans l´effort de guerre en titillant la fibre patriotique des contribuables, la période de l´après-guerre a vu la production de beaucoup de films à très forts relents sociaux. Paris Première, à l´occasion de la disparition de ce géant du grand écran que fut Marlon Brando (1924-2004) a rediffusé une biographie détaillée de l´artiste. Arrivé à New York il suit des cours d´art dramatique dans la célèbre école de Manhattan, l´Actor´s Studio, fondée par Lee Strasberg et Elia Kazan. Cette école dispensait un enseignement fondé sur les préceptes du célèbre maître russe Stanislanski. La technique consistait à orienter l´acteur vers une identification aussi totale que possible avec la personnalité profonde du personnage... De nombreux comédiens passeront par cette célèbre école (James Dean, Jack Lemmon, Walter Mathan, Tony Curtis...) Marlon se fera vite remarquer grâce à son charme et à son talent par ses professeurs Stella Adler et Alexandre Clurmen qui vont l´introduire dans les milieux du théâtre de Broadway. Après un deuxième rôle dans la pièce «I remember mamma», Marlon Brando connaîtra un très vif succès dans A street car named desire de Tennessee Williams, pièce qui connaîtra 500 représentations et une adaptation au cinéma qui sera réalisée par le grand réalisateur Elia Kazan. Dès lors, le grand acteur va être propulsé au sommet du box-office hollywoodien. Il incarnera de grands rôles dans des grands films aux thèmes fort différents, mais qui connaîtrons tous un franc succès si on excepte The men de Fred Zinneman film pacifiste dont le succès fut amoindri par la guerre de Corée. Il tournera coup sur coup et sans arrêt des films qui font date dans l´histoire du cinéma: (Viva Zapata - Sur les quais - L´équipée sauvage - Jules César - Guys and Dolls - Désirée - Sayonara - L´homme à la peau de serpent - La petite maison de thé - Le bal des maudits - Les révoltés du Bounty...) Le film Le Parrain sera son grand et dernier succès qui lui vaudra un Oscar, Oscar qu´il refusera par solidarité avec les Indiens révoltés de Wounded Knee. Car Marlon Brando, après avoir soutenu Martin Luther King dans sa célèbre marche de Washington, s´est montré solidaire de la lutte des Indiens dans leurs revendications. Cet engagement va se manifester autrement par une participation gracieuse dans un film contre l´apartheid en Afrique du Sud, Une saison blanche et sèche. Sa carrière fut riche en couleurs, mais sa vie familiale fut autre...