Depuis que la guerre est devenue une science presque exacte, il y a à la tête de chaque armée, plusieurs penseurs ou idéologues de la manière de mener les guerres. Ce sont en général des gens bien instruits qui maîtrisent le mieux les problèmes de tactique, de gestion des hommes et du matériel. On les appelle stratèges ou généraux selon les époques ou les armées. Un général, c´est un homme qui étudie sur le plan, les cartes, les conditions qui doivent le mener à la victoire certaine, car sans certitude de victoire, toute bataille engagée devient un «suicide». C´est après avoir reçu les informations complètes sur les forces et les capacités de nuisance de l´ennemi, que le général organise ses propres forces, mobilisant hommes et rassemblant le matériel adéquat. Sur le papier, les hommes deviennent des chiffres et le général ne s´embarrasse pas de scrupules sur le nombre de sacrifiés qui lui permettront d´arracher la victoire finale qui lui vaudra l´admiration, l´adoration et le respect de la nation qui lui assureront à coup sûr une belle place dans l´Histoire. Le général doit ôter de son esprit que chaque soldat n´est qu´un pion à avancer, à reculer ou à sacrifier sur le terrain des opérations. Il doit faire abstraction que chaque soldat est une vie, comme toutes les vies, avec une destinée faite de joies, de peines, de soucis. Le conscrit a quelque part une famille, une belle, des enfants qui l´attendent et pensent à son retour prochain. Le général n´en a cure: pour lui, la vie est faite de sacrifices et le sacrifice des autres est préférable. Pour arriver à ses fins, le général doit mobiliser ses troupes, haranguer les légions qui, arme au pied, attendent les ordres de celui que beaucoup considèrent comme un père. Car le général sait parler. Il invoque les noms de la patrie, les valeurs immortelles de la République, les intérêts supérieurs de la nation. Il ouvre les portes du paradis à ceux qui auront la chance d´arroser de leur sang les sillons bénis du champ de bataille. Evidemment, le général ne manquera pas de promettre à chacun, des possibilités de monter en grade: «Chaque soldat a dans son paquetage un bâton de maréchal», conclura-t-il, avant d´envoyer la chair à canon à la boucherie. C´est ce qu´on appelle la démagogie, promettre des choses quasiment irréalisables afin que la piétaille lui accorde une confiance aveugle. Cette méthode est aussi très utilisée en politique où les promesses deviennent fausse monnaie courante. C´est surtout l´emploi du temps du futur qui devient incontournable. Les élus en campagne, les chefs d´Etat, les députés, les ministres surtout. A chaque intervention, ils alignent des chiffres sur leurs prochaines réalisations, mais ce sont toujours des nuages sans pluie. Le nombre de logements, de barrages, de routes, d´hôpitaux, d´écoles à réaliser est remis au prochain exercice où ils promettent de mettre les bouchées doubles...