Esquissée à la veille de l´élection du 8 avril 2004, l´Alliance présidentielle se met définitivement en forme après ce congrès bis du FLN. L´accouchement a été difficile, mais il a fini par avoir lieu. le puzzle se met en place, le président peut désormais se targuer d´avoir une coalition représentative de l´opinion nationale: les nationalistes du FLN, les islamistes du MSP et les démocrates du RND. Ce spectre politique existait déjà dans le mouvement national avec le PPA-Mtld pour ce qui est des nationalistes, l´association des Oulémas pour le MSP et des autres formations de la mouvance plus ou moins laïque ou moderniste que furent l´Udma de Ferhat Abbas ou le parti communiste algérien. En fait, c´est surtout le RND qu´il est difficile de classer dans le décryptage de ce legs historique, puisqu´on l´a encore entendu avant-hier, Ahmed Ouyahia a d´abord commencé par rappeler les références novembristes de sa formation, d´autant plus que le parti a été créé au milieu des années 90 autour de ce conglomérat qu´on avait appelé à l´époque la famille révolutionnaire (organisation des moudjahidine, enfants de chouhada, Ugta, Abdelhak Benhamouda ayant joué un rôle de premier plan dans la maturation du projet). N´oublions pas aussi que le FLN était mis sur une autre base de lancement, à savoir le contrat de San´t Egidio, qui fut rejeté dans le fond et dans la forme par Liamine Zeroual. N´empêche, on a coutume de dire maintenant que les trois courants qui forment le paysage politique algérien sont les nationalistes, les islamistes et les démocrates, même si les frontières entre les trois courants ne sont pas bien définies. Le MSP peut revendiquer et il ne manque pas de le faire, ces trois références et les faire siennes. Le FLN aussi du reste, surtout maintenant que Belkhadem est aux commandes. Le RND non plus, on ne le voit pas renier son islamité. Comme quoi, tous ces partis pourraient se marcher sur les plates-bandes, mais il reste que ce sont les électeurs, et eux seuls, qui déterminent le poids réel de chaque formation. En fait, ce qu´on peut dire, c´est qu´il y a des sensibilités politiques au sein de la société et les partis sont obligés d´en tenir compte. Pour en revenir à l´Alliance présidentielle, il y a un autre facteur qui joue, c´est celui des équilibres régionaux. Dorénavant, là aussi, le puzzle s´est mis en place. Le FLN, qui a longtemps été drivé par l´est, est passé entre les mains d´un SG de l´ouest. Le RND, qui eut à sa tête un homme de l´ouest, à savoir Abdelakder Bensalah, est revenu à un homme du centre, Ahmed Ouyahia, après avoir basculé à l´est du temps de Benbaïbèche. Quant au MSP, après avoir été depuis sa création dirigé par le charismatique Nahnah au centre-ouest, il a fini entre les mains d´un homme de l´est, Bouguerra Soltani. Mais si on y regarde de près, on verra qu´à l´intérieur de la direction nationale de chaque parti, les mêmes dosages régionaux subtils sont effectués. L´espace de ce modeste article ne permet pas de s´appesantir là-dessus, mais les familiers du fonctionnement des partis savent bien comment cela se passe. L´essentiel est que pour le président de la République, cette alliance reflète les trois courants politiques du pays, en respectant les dosages régionaux. Il y a bien sûr aussi le sud, mais ce dernier globalement entre dans la division du pays en centre-est-ouest. Des postes importants sont attribués au gens du Sud, que ce soit au sein des structures de l´Etat ou au sein des partis. Actuellement, à titre d´exemple, la présidence de l´Assemblée populaire nationale est occupée par Amar Saïdani, originaire de Oued Souf. La question que l´on se pose est bien sûr la suivante: est-ce qu´une telle configuration de l´Alliance présidentielle ne verrouille pas le jeu politique? Quelle place est laissée à l´opposition? Parce qu´un contre-pouvoir est nécessaire pour le bon fonctionnement des institutions.