Les partis qui émargent à l´opposition, déjà amplement réduits à leur impuissance législative, ne peuvent que constater avec douleur l´inefficacité de l´action isolée et l´impossibilité de l´action concertée. Face à eux, il y a l´alliance dite stratégique qui tire les éléments de sa force, non pas de son érection en pôle politique de puissance, mais du choix de son arrimage au président. Les premiers ont fait le choix d´être dans l´opposition, le seconds ont fait le choix de l´arrimage au pouvoir. Ce choix ne date pas de l´avènement de l´actuel président. Les mêmes composantes de l´alliance qui soutient le président Bouteflika étaient les mêmes composantes de la coalition qui soutenait le président Zeroual. De même, les mêmes partis de l´opposition au pouvoir actuel étaient les mêmes partis de l´opposition à l´ancien pouvoir, si tant est que c´est le président qui résume à lui tout seul le pouvoir. Un constat est donc à faire. Les uns auraient pour vocation à soutenir et les autres auraient pour vocation à s´opposer. Ce ne seraient donc pas les rapports d´opinion au sein des populations qui fixent la ligne de fracture entre les appartenances au pouvoir et les appartenances à l´opposition, mais les choix faits par les partis eux-mêmes de se retrouver dans le camp du pouvoir ou dans celui de l´opposition. Les partis en tant que sigles restent ainsi fidèles à leurs choix de départ et aucun d´eux, à l´exception du RCD pour une durée temporaire, n´a franchi cette ligne. Le pouvoir n´a ainsi pas réussi à provoquer des désertions de partis dans le camp de l´opposition, mais il a tout de même réussi à faire naître des ambitions différenciées au sein des directions de ces partis, et parfois même des scissions. L´opposition également n´a pas réussi à «soudoyer» les partis traditionnellement ancrés dans le camp du pouvoir. Chacun reste emmuré dans son camp et la balle ne circule pas tellement dans un champ politique au fonctionnement à respiration minimale, au bord de l´asphyxie et dont on se demande où il est réellement implanté. Sans cette question de dissolution des assemblées élues qui rejette le regard sur une Kabylie qui avait fini par se faire oublier, les partis politiques auraient continué à sombrer dans l´indifférence. Voilà que les partis de l´alliance ont porté le ballon dans les 18 m du camp adverse, ou plutôt du parti adverse, faisant prévaloir les rapports de force, sans que cela n´arrive encore à redonner vie au champ politique. Dans ce cas particulier, le pouvoir dit ce qu´il va faire et fera ce qu´il annonce. Il est suffisamment immunisé contre les implications des avertissements et des positions radicales de l´opposition. Cette dernière, de son côté, reste traditionnellement sourde aux argumentations développées par le pouvoir, ce qui explique, en partie, les auto-interdictions des franchissements mutuels de la ligne de séparation. Les partis de l´opposition ne trouvent jamais les conditions d´un renversement de la situation stratégique. Ils ne peuvent même pas tenter l´expérience de leurs adversaires, à savoir s´allier, malgré leurs différences, les distances politiques entre partis apparaissant plus grandes au sein de l´opposition qu´au sein du camp du pouvoir. Posséder des sièges, quel qu´en soit le nombre, n´est pas un élément qui pourrait à chaque parti, à n´importe quel parti, valider une posture de sanctuarisation de son ancien acquis.