A voir les trois partis de l?alliance se mouvoir et annoncer ce qui se passera, m?me le moment o? le pr?sident de la R?publique annoncera sa candidature pour succ?der ? lui-m?me, la premi?re question qui vient ? l?esprit est bien de savoir o? est l?opposition. Celle-ci existerait-elle? Sans opposition, il n?y a pas de d?mocratie. Sans opposition, il ne saurait ?tre pr?tendu qu?il y a la d?mocratie. Le pouvoir a besoin qu?existe une opposition pour se cr?dibiliser lui-m?me, car est r?volue l??poque de l?inhibition de la critique ouverte ou des sorties sur le terrain, m?me sans autorisation. La perte pr?m?dit?e du poids de l?opposition est peut-?tre regrett?e par le pouvoir quand on voit que les candidats ? la pr?sidentielle ne p?sent pas assez pour les exigences de la fonction. On dit que les d?mocrates r?fl?chissent et r?fl?chissent encore avant de passer ? l?action. On dit des opportunistes ou m?me des islamistes qu?ils agissent d?abord et r?fl?chissent ensuite, m?me ? tort, car l?essentiel, semble-t-il, est d?agir et non pas de passer son temps ? r?fl?chir. Il y en a, alors, qui tombent ? bras raccourcis sur l?opposition, sur les d?mocrates plus particuli?rement, et qui tentent de valider et de justifier le d?senracinement populaire de ces derniers en avan?ant l?id?e selon laquelle ils ne sont pas porteurs des revendications des populations ou se ?trompent de peuple?. Pourquoi, disent-ils, les d?mocrates n?arrivent-ils pas ? s?unir ? Oubliant que c?est le propre des d?mocrates de ne pas s?entendre car un d?bat revendiqu? (mais qui ne trouve pas le cadre idoine qui puisse l?accueillir) ne se termine jamais. Ceux qui r?fl?chissent trop pour tenter ensuite de se mettre en position d?agir se font prendre de vitesse par ceux qui agissent tout le temps et qui laissent peu de temps ? la r?flexion. Les premiers ne font rien tandis que les seconds font mal ou faux, mais font quand m?me. N?est-ce pas que le r?le de l?officier est de commander et que, dans des situations difficiles sur le champ de bataille, il doit donner des ordres, il doit d?cider m?me s?il d?cide mal. On dit ?galement, et parfois m?chamment, que l?opposition l?gale est saisie d?un engourdissement qui la met en hors-jeu du choix des grandes options pour le pays. Mais d?o? peut bien lui provenir cette impuissance av?r?e ? L?opposition ne d?cide pas. Ou plut?t, elle d?cide que, pour le moment, il y a urgence ? ne rien faire. A supposer qu?elle veuille d?cider, que peut-elle d?cider ? Que reste-t-il de l?opposition mat?rialis?e par des partis politiques ? A-t-elle rencontr? les conditions de son ?mergence et qu?a-t-elle fait pour r?unir ces conditions ? Serait-ce une fatalit? qu?elle soit, tout le temps, renvoy?e comme une balle de ping-pong, entre l?inefficacit? de l?action isol?e et l?impossibilit? de l?action concert?e, ou qu?elle continue ? survivre en fonctionnant au bord de l?asphyxie ? Peut-on dire qu?elle est m?me sortie du champ ? force de reculer ? Lorsqu?il se produit une offensive du camp au pouvoir, l?opposition ne peut pas proc?der collectivement ? l?organisation de la riposte. Et pourtant, il ne serait pas juste de soutenir que les distances politiques entre les trois partis de l?alliance sont plus courtes que celles qui existent entre les partis de l?opposition. C?est cette impuissance de l?opposition (qui est r?ellement dans l?opposition ?) qui offre au pouvoir l?opportunit? de dynamiter la passerelle qui m?ne vers l?alternance, ou bien plut?t qui contribue ? cr?er les conditions d?interdiction ou d?un diff?r? lointain de l?alternance. On se sert les coudes dans un camp et pas dans l?autre. A la d?charge de l?opposition, il est vrai, cependant, que ce sont uniquement ceux qui sont en position de pouvoir qui ont la capacit? op?rationnelle de d?cider unilat?ralement, de dessiner le champ de leur intervention et de leur influence, et ?galement d?imposer le contenu de toutes leurs d?marches.