Le secrétaire général de la Ligue arabe est venu entendre le point de vue algérien. C'est la première étape d'une tournée maghrébine qui va le conduire aussi à Tunis et à Tripoli, mais apparemment pas à Rabat et à Nouakchott. Accueilli à son arrivé par notre chef de diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem, et reçu par le Président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, le premier responsable de l'institution panarabe a dans son agenda plusieurs dossiers à examiner avec les responsables algériens, notamment les idées de certains pays membres concernant la réforme de l'organisation qu'il dirige et son développement à la faveur de la redynamisation de l'action arabe commune et des développements enregistrés ces derniers temps dans la région du monde arabe. En effet, au lendemain de la guerre contre l'Irak, la maison arabe est lézardée. Elle risque de s'écrouler à la moindre secousse supplémentaire. Et c'est justement pour tenter de la préserver et de sauvegarder ce qui peut encore l'être que le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa, ne cesse de multiplier voyages et périples dans les 22 Etats constituant cette institution panarabe. Dans l'actuelle étape de cette action de restauration de la cohésion des rangs arabes, entamée par l'Algérie, qui survient après une visite au Qatar et un périple en Arabie Saoudite, en Jordanie et en Syrie, les priorités autant de l'institution que de ses membres tournent autour de trois axes: d'abord, comment s'adapter aux nouveaux plans de règlement de la question palestinienne à travers la mise en oeuvre de la fameuse «feuille de route» du quartette international? Ensuite, de quelle nature sera le rapport de la Ligue et de ses membres avec le futur régime politique qui sera créé en Irak? Enfin de quelles réformes a besoin la Ligue arabe pour pouvoir continuer à exister? Dans une déclaration à la presse à son arrivée en Algérie, le responsable de l'organisation interarabe a indiqué que sur toutes ces questions, il voudrait connaître le point de vue des responsables algériens et à leur tête celui du Président de la Répu-blique. Il faut dire à cet égard que la guerre en Irak a étalé au grand jour les dissensions arabes sur tous ces sujets. En avril dernier, et en pleine hostilité militaire dans ce pays, M.Moussa en personne avait estimé que l'organisation arabe avait peu de chances de survivre au conflit «sous sa forme actuelle», ajoutant que «l'échec du système arabe à traiter les problèmes irakien et palestinien impose un réexamen de ce système et la prise en compte d'idées pour édifier un nouvel ordre politique et sécuritaire arabe». La réforme s'impose donc mais pas à n'importe quel prix. D'ailleurs à ce propos et évoquant dans sa déclaration à la presse les idées des différentes parties arabes, il a affirmé que ce qui est important «c'est l'engagement et la détermination de tous». Ceux qui prônent la dissolution de la Ligue arabe sont minoritaires, a-t-il encore dit, en précisant que c'était une revendication, sinon une suggestion étrangère et non arabe. Autrement dit, pour l'heure, l'urgence est de remettre sur les rails la machine Ligue arabe même avec ses faiblesses ou ses imperfections, et aux yeux de M.Amr Moussa, «le plus important aujourd'hui est la mise en place du comité de suivi et d'action pour suivre les décisions du sommet (arabe) de Beyrouth et de se réunir, le plus tôt possible, au niveau ministériel». Quant à l'immense chantier des réformes institutionnelles, il viendra en son temps et avec l'accord de tous les Etats membres, sinon de la majorité d'entre eux.