Le souhait du président Bouteflika de faire du sommet arabe d'Alger un moment fort de la réconciliation interarabe a été exaucé en partie. En partie parce que de nombreux conflits déclarés ou latents opposant certains pays arabes demeurent encore sans perspective de règlement. C'est le cas du différend mettant en confrontation, depuis quelques mois, la Libye et l'Arabie Saoudite. En revanche, les travaux du 17e sommet de la Ligue arabe ont servi de catalyseur dans les processus de rapprochement engagés par d'autres nations. La grande satisfaction du rendez-vous d'Alger de l'organisation panarabe vient des efforts actuellement en train d'être accomplis par l'Algérie et le Maroc pour mettre de l'ordre dans leurs relations. L'utilité de la rencontre de la Ligue arabe est prouvée aussi par la dissipation progressive de la vieille brouille qui a miné, pendant longtemps, les rapports entre Tripoli et Nouakchott. La présence du souverain marocain, du dirigeant libyen et du président mauritanien dans la capitale algérienne peut laisser entendre que les choses commencent à se tasser. La preuve de ce dégel est fournie par le projet arrêté par les pays de la région de tenir une réunion au sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA) durant les tout prochains mois. Lors d'une conférence de presse animée conjointement avec le secrétaire général de l'organisation panarabe, Amr Moussa, à la clôture des travaux du sommet de la ligue, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, n'a pas exclu l'éventualité que ce sommet de l'Union maghrébine se tienne « avant la fin de l'été ». A ce propos, il est utile de signaler que les ministres des Affaires étrangères de l'UMA se sont réunis, hier, pendant près d'une heure au Palais des nations, avant la reprise des travaux du second jour du sommet de la ligue. Au titre du dossier marocain particulièrement, les deux rencontres informelles, tenues par le président Bouteflika et le roi Mohammed VI en marge du sommet de la Ligue, se seraient passées si bien que M. Belkhadem n'a pas hésité à parler, mardi, lors d'un point de presse ouvert à la presse internationale, de « dégel » des relations algéro-marocaines. Au plan de l'information, aucune donnée susceptible d'éclairer sur la nature des dossiers traités n'a été rendue publique. Si de fortes rumeurs ont annoncé, pour la soirée d'hier, la tenue d'une bilatérale entre le président Bouteflika et le souverain Mohammed VI, destinée à confirmer devant les caméras de télévision la relance, sur de nouvelles bases, des relations algéro-marocaines, les délégations des pays se sont fait, toutefois, comme un devoir de maintenir de ne rien dire à la presse. La raison ? Le ministre marocain des Affaires étrangères dira, mardi, sur une note d'humour que « c'est pour protéger du mauvais œil » le réchauffement entre les deux pays. Invité à se prononcer sur le conflit opposant deux pays arabes, le diplomate a ajouté : « Croyez-moi, au moment où je vous parle, mon seul souci est de voir nos problèmes réglés. » Une chose paraît néanmoins certaine : la situation est allée tellement bien que le roi du Maroc ne se serait pas privé, lors de la matinée d'hier, de faire son footing dans une portion de la forêt de Zeralda, classée résidence d'Etat. Pour permettre au dégel de s'enclencher, il paraît évident que l'Algérie et le Maroc ont chacun à faire un effort. A ce propos, tous les observateurs n'ont pas manqué de relever que, dans son discours à l'ouverture des travaux de la ligue, le souverain marocain n'a pas prononcé une seule fois le terme de Sahara-Occidental, cela même s'il y a fait allusion. Apparues satisfaites de la visite du roi du Maroc, des sources officielles, du côté algérien, se sont montrées, quant à elles, optimistes concernant l'avenir des relations algéro-marocaines. Puisque les deux parties se sont entendues, visiblement, pour ne rien donner aux médias, il ne reste plus qu'à attendre un peu pour connaître les dessous des entretiens Bouteflika-Mohammed VI et vérifier si le dégel annoncé a été fondé sur de bonnes bases.