Il est souvent répété que le terrorisme veut substituer le champ de la violence au champ du débat d´idées, car il serait conscient que le libre-débat implique l´écoute de l´autre, la lutte contre les intolérances, la dénaturation des alibis politico-religieux qui fondent le recours à la subversion. Bien des régimes arabes en font des «convictions» par leurs discours, en rappellent fermement les principes mais s´empressent de fermer le champ politique et d´interdire l´accès par l´opposition aux médias publics dit lourds. Dans l´opposition, dans les pays arabes, autant les démocrates que les islamistes réclament une ouverture totale du champ politique, des médias publics et l´instauration d´un libre-débat. Autant les démocrates que les islamistes estiment qu´une telle situation sera en leur faveur. Quant aux régimes en place, pour la plupart, ils appréhendent la victoire aussi bien des démocrates que des islamistes. Mais, en barrant la route aux islamistes, ils se posent en combattants de la démocratie. S´opposer donc aux islamistes est perçu comme méritant le label de «démocrates». Ainsi, lorsque le président Moubarak s´oppose au plan américain du «GMO», ce serait pour ne pas donner la victoire aux islamistes et transférer l´expérience algérienne, c´est-à-dire le terrorisme, sur son propre pays, selon ses déclarations. Moubarak estime donc que la démocratisation est une aventure liberticide qui favorisera la régression et la violence, rejetant aussi le principe de la «régression féconde» formulé par le philosophe algérien Addi Louari, installé depuis à l´étranger. On peut en déduire qu´en Egypte, le président Moubarak estime que le gisement démocrate n´est pas assez consistant pour s´assurer la victoire face aux islamistes plus enracinés au sein des populations. La même appréciation serait valable pour tous les pays arabes. Selon donc ces perceptions, la violence serait une fatalité dans tout l´espace arabe. Créer les conditions favorables à l´accès au pouvoir par les islamistes installerait la violence et la régression. Interdire l´accès au pouvoir aux islamistes pousserait ces derniers à se révolter par l´usage des moyens de la violence. Comment alors développer le gisement démocrate dans les pays arabes tout en créant des obstacles à la montée en puissance des islamistes, sachant que les conditions ne sont pas réunies pour que les démocrates puissent triompher par la voie des urnes? Certains estiment que c´est l´expérience islamiste au pouvoir qui favorisera, en riposte, le développement du gisement démocrate. D´autres ont estimé que «l´intégrisme, c´est comme la mort, on ne l´essaie qu´une fois». Il y a des démocrates qui estiment que les partis politiques islamistes sont illégaux. Il faudrait donc leur interdire toute existence légale pour que la victoire soit. Djaballah pensait autrement. Ce sont les partis laïcs qui sont illégaux, le paysage politique ne devrait comprendre que les partis islamistes. Qu´y a-t-il de changé aujourd´hui?