Les habitants des bidonvilles du douar Leflalis ont poussé un ouf de soulagement quand les camions de l'APC se sont présentés chez eux pour leur annoncer leur déménagement vers des logements décents. Ce bidonville, qui a poussé comme une plaie en 1995 pour ronger la façade Est de la ville, a constitué, pour les différents responsables qui se sont succédé à la tête de la wilaya, un véritable casse-tête. En 1995, alors que seules 8 familles avaient élu domicile dans ce camp de détention de l'armée coloniale, transformé en poulailler durant les années 80, M.Bachir Frik, wali à l'époque, avait pensé les intégrer dans le cadre du programme d'urgence initié par le gouvernement de M.Ahmed Ouyahia. Seulement, cette opération n'a pu aboutir pour la simple raison que le nombre des habitants de ce bidonville avait atteint, en l'espace de 2 mois, 160 familles, pour la plupart issues de zones éparses menacées par les incursions terroristes. Après le départ de M.Bachir Frik, le nombre des indus occupants avait doublé pour atteindre le chiffre de 260 familles. M. Bedrissi, désigné alors à la tête de la wilaya, avait proposé aux habitants du douar la création d'une association qui pourrait d'une part bloquer l'afflux de nouveaux «squatteurs» et, d'autre part, servir d'interlocuteurs auprès des autorités. Les années 1996-1997 et les grands massacres qui avaient frappé la région Ouest (Remka, Aïn Tarik, Tissousilt et certaines localités de Saïda) ont poussé des familles à migrer vers les grands centres urbains. Le douar Leflalis qui accueillait à cette époque 320 familles a vu de nouveaux arrivants occuper les lieux. Ses capacités d'accueil étant largement dépassées, le petit village a connu une extension anarchique d'environ 2 ha située entre les cités Es-Sedikia et Bâtimate Taliane relevant de l'APC de Bir El-Djir. La situation sociale de ses habitants devenait préoccupante et plusieurs épidémies étaient déclarées. Pis encore, drogue, terrorisme, prostitution et trafics en tous genres constituaient un mélange détonant du quotidien des occupants de ce bidonville que certains n'hésitent pas à qualifier de «favela» ou Kaboul. En l'an 2000, on dénombrait déjà 650 familles. Pour mettre un terme à cette situation, l'actuel wali, au lendemain de son installation, avait ordonné l'évacuation des occupants qui n'étaient pas portés sur la liste établie et ce, avec l'aide de l'association créée par les anciens habitants du douar et qui ne comptait alors que 340 familles. Une opération d'évacuation musclée avait été réalisée et les bulldozers appelés à la rescousse avaient rendu au douar sa véritable dimension. Il y a une semaine, 344 décisions d'affectation de logements ont été établies au profit des habitants. 4 sites ont été retenus pour les accueillir. Roches (en contrebas de la forêt Coca-Cola), douar Belgaïd, El-Kerma et Aïn Beïda accueillirent jeudi 253 familles. Quant aux 90 autres qui n'ont pas encore quitté leurs taudis, leur problème sera définitivement réglé au courant de la semaine, car, nous dit-on, les logements qui leur ont été attribués ont été «squattés» par d'autres familles souffrant du problème de logement. Les autorités locales ont rassuré les habitants d'Es-Sedikia et de Batimate Taliane quant au devenir du terrain qui accueillait le douar Leflalis. «Il sera transformé en espace vert et en aire de détente, pour éviter que des spéculateurs malveillants ne mettent la main dessus», a assuré le premier responsable du secteur urbain de Gambetta.