«Ce que les gens disent de vous dans votre dos correspond à votre statut dans la communauté.» Edgar Watson Howe Les plus gagnants dans ce mois sacré de Ramadhan après la Télévision nationale: les producteurs! Durant plus d´un mois, ils ont fait rentrer dans leurs caisses ce qu´un salarié ne peut économiser qu´en 30 ans et un député en une année. Avec des productions qui avoisinent les 4 à 5 milliards chacune, combien ont touché nos comédiens et surtout les techniciens? Des miettes, selon certaines sources à la Télévision. Ainsi le scénariste de Qoloub Fi siraâ aurait touché seulement 35 millions, alors qu´il est la base du film. Le comédien principal du feuilleton aurait touché 40 millions de centimes, soit 4000 euros, l´équivalent d´une journée de tournage pour un technicien français. Alors, la comédienne, qui joue Lilia et qui est toujours étudiante à l´Inadc, aurait touché seulement 25 millions. On ne peut en vouloir aux producteurs qui font de l´argent en jouant les radins mais plutôt aux comédiens qui acceptent de recevoir comme paie des miettes sachant que la production coûte des milliards. Ainsi, Biyouna qui n´apparaît pas dans les productions de Ramadhan, parce que tout simplement, elle aurait demandé 10 millions de centimes la journée de tournage, alors que le tarif sur la place est de 10.000 DA. Car chez les comédiens, les vedettes sont payées presque le même tarif que les comédiens de second rôle. Certains comédiens, qui habitent même en France, acceptent d´être payés presque au même tarif qu´un comédien local, alors que le coût de la vie en France est 10 fois plus cher. Le seul comédien qui a été le mieux payé dans les nombreuses productions de Ramadhan, c´est Souileh dont le cachet ne descend pas au-dessous des 200 millions de centimes. Normal, quand on sait que tout repose sur ce comédien qui attire aussi bien les foules que les annonceurs. Faire de nos comédiens une icône qui fait vendre, c´est un grand challenge. Seuls ceux qui ont travaillé dans des productions étrangères comme Biyouna ont compris quelle est leur vraie valeur. Au moment où Gérard Depardieu ou Audrey Toutou touche 10 millions de dollars par production, les comédiens algériens ne touchent même pas le montant du Smig en France. Mais vous me direz que les comédiens français ou même américains n´ont pas le même statut que ceux d´Algérie. Je vous répondrai que c´est au producteur de donner un statut aux comédiens algériens. Quand Mustapha El Akkad tournait le Messager, il a mis au rang d´Irène Papas et Anthony Quin, les comédiens arabes Abdallah Ghaït et Mouna Wassaf. Ce qui a fait dire à Irène Papas, à l´époque: «Vous n´êtes pas connus en Amérique, mais vous êtes des stars chez vous». Tant que le comédien algérien ne se fait pas respecter à sa juste valeur, il restera au même niveau et mourra dans l´anonymat comme les anciens. Devant l´absence de statut d´artiste réel, les producteurs deviennent, de plus en plus, des barons dont le seul souci c´est de s´enrichir très vite. HHC qui compte beaucoup sur les productions privées pour améliorer la qualité de la télévision, sait que la télévision n´a pas les moyens techniques suffisants pour produire de la fiction et du divertissement, alors il fait ce que tous les producteurs du monde font: donner la chance aux productions indépendantes.