Tout le monde se souvient de l´engouement de millions de téléspectateurs européens pour cette nouvelle formule d´émissions qui consistaient à montrer en différé la vie de groupes d´individus issus d´horizons différents et réunis artificiellement dans des endroits clos et sans liens avec l´extérieur. Cette nouvelle formule, qui a fait la fortune de l´entreprise néerlandaise Endemol et qui a été adaptée par de nombreuses télévisions des pays occidentaux, a été aussitôt critiquée pour le manque de créativité dans l´exhibition des protagonistes promus à une célébrité sans cause et elle a aussi été décriée comme des espaces où pouvaient s´exercer les propensions humaines au voyeurisme et à l´exhibition. Il faut se rappeler que les circuits fermés de télévision qui ont été d´abord introduits dans des collectivités pour prévenir des actes de malveillance, le furent dans les grandes surfaces de distribution. Ce système permettait aux patrons d´éviter une recrudescence des vols tout en économisant l´emploi de surveillants. Ce système de surveillance fut, par la suite, étendu aux musées, aux prisons, aux zones de haute sécurité comme les banques, les espaces de défense, les métros, gares...L´avalanche d´actes terroristes en Occident a poussé les services de sécurité de ces pays à installer dans les carrefours stratégiques, les centres névralgiques, des milliers de caméras pour surveiller la circulation des citoyens dans leur vie quotidienne, que ce soit dans la rue, les parcs, les stades ou dans les transports publics. Il paraît que Londres, victime d´actes terroristes, il y a quelques années, bat tous les records dans l´installation de ces yeux indiscrets qui filment et enregistrent les faits et gestes des quidams dans l´espoir de déceler dans les attitudes et comportements, des prémices pour actes malveillants, comme les attentats terroristes. Il faut dire que ce coûteux dispositif, s´il n´a pas jusqu´ici permis d´éviter des attentats, a, quand même, permis d´identifier et d´arrêter des criminels dont le portrait a été fixé par lesdites caméras. Cela change un peu des pratiques douteuses, coûteuses des régimes totalitaristes qui consistaient à envoyer des agents dans les cafés, les bars, les usines, les entreprises...,pour enregistrer tout ce qui se dit et ce qui se fait. Cela permettait aux flics du régime de constituer des fiches (pas toujours fidèles) concernant des personnes qui seront jugées comme subversives ou aptes à le devenir. Ce système a été popularisé par le roman de George Orwell: 1984, d´où a été tiré le nom de Big Brother. Il faut dire que c´est dans des moments de grande détresse que réapparaît, chez la plupart des régimes autoritaires, ce besoin de mettre sur «écoute», des pans entiers de la société. On raconte que Napoléon, qui faisait la guerre à toute l´Europe, entretenait une foule d´agents de renseignements chargés, non seulement de repérer et dénoncer les ennemis de l´Empire, mais aussi de susciter des vocations chez ceux qui ne s´étaient pas déclarés ou n´étaient pas passés à l´acte. C´est dire l´impasse où pouvaient se trouver ces dictatures. Heureusement que les progrès technologiques sont survenus jusque dans les pays du Sud où la pratique des caméras de surveillance tend à se répandre. Chez nous, des caméras seraient installées déjà sur les voies très fréquentées afin que les services de sécurité puissent intervenir rapidement après un acte délictueux. Ce système serait, nous dit-on, étendu aux cybercafés pour endiguer les actes de malveillance. Etant fréquentés par une clientèle passagère, ces lieux de grande communication seraient à l´origine de la cybercriminalité. Pour identifier les pirates, des caméras seront installées pour filmer, enregistrer la date et l´heure du passage des clients du cyber. On ne nous dit pas si l´installation et le fonctionnement de ces caméras seront à la charge des pouvoirs publics ou du commerçant. Espérons, toutefois, que cette mesure sera étendue à tous les lieux publics, comme les parcs, les carrefours dotés de feux de circulation, des campus universitaires, et, pourquoi pas, jusqu´aux bureaux de vote afin de lutter contre la fraude et le bourrage d´urnes.