«Les Algériens vont en France pour la couler et les Français vont en Algérie pour la développer.» Extrait du spectacle Djurdjurassique Bled Le dernier spectacle de Fellag, Les Algériens sont tous des mécaniciens, fait polémique en Algérie, mais heureusement pour lui, pas en France. Un Algérien qui travaille comme chauffeur de taxi parisien, converti, à ses heures perdues, en président d´une association représentant des artistes algériens à l´image d´Idir, Malika Domrane, Khaled ou encore Slimane Benaïssa, s´est fait remarquer en dénonçant le dernier spectacle de l´enfant terrible d´Azzefoun. Il reproche à Fellag de se servir des défauts des Algériens pour faire son spectacle. Mais l´autodérision existe depuis la nuit des temps en France. A commencer par Molière avec l´Avare au début du siècle, en passant par Coluche dans les années 70 à Jamel Debbouze ou Gad El Maleh dans les années 2000. Ce n´est pas une tare de se moquer de sa société, mais toujours avec subtilité. Or, dans le cas de Fellag, cette autodérision est exprimée de France. Ce n´est pas le fait que Fellag se moque de l´Algérie à partir de la France, car il ne se moque pas des Algériens en tant que personnes, mais de l´Algérie en tant que pays. Ce n´est pas le cas pour les artistes cités plus haut. Jamais, Jamel Debbouze ne s´est moqué du Maroc, quant à ses critiques sur la France, elles sont ciblées. On ne touche pas aux juifs, à la shoah, à la politique, à la présidence ou à la police en tant qu´institutions ou encore aux Français en tant que peuple. Dieudonné, qui a eu l´audace de dénoncer le lobby juif dans le showbiz, a été complètement exclu de la scène culturelle française. Même chose pour les spectacles de Gad, qui n´a jamais critiqué le Maroc en tant que pays. Ce qu´on reproche à Fellag, c´est de se moquer un peu trop des Algériens: ils ne sont pas beaux, ils ont les cheveux frisés, ils ne sont pas sociables, ils sont radins, ils ne savent pas parler français et ils n´ont aucune culture, ils n´aiment pas l´école, ils sont feignants...et la liste est longue. Mais d´où viennent les idées de Fellag, qui, depuis plus de 18 ans, ne vit pas en Algérie? Au départ, dans les années 80, c´était Abderrahmane Lounès, le poète et romancier, qui lui a filé les principales histoires. Il s´est inspiré de son livre Poèmes à coups de poings et à coups de coeur, le best-seller des recueils de poésie de tous les temps en Algérie. Fellag est un artiste qui connaît les besoins de son public. Il lit beaucoup et s´informe. Aujourd´hui, faute de livres, Fellag tire ses idées de la presse algérienne. Après son exil forcé en Tunisie et des années difficiles à Paris, il décide de reprendre ses spectacles avec une version améliorée dans Djurdjurassique Bled. Fellag, qui était à coup d´inspiration, devait trouver une histoire qui capte le public français. Aussi, il rajoute dans son spectacle l´histoire de Mohamed qui devient chrétien et qu´il a déjà présenté dans Babor Labès. Fellag n´est pas revenu en Algérie depuis plusieurs années. Il est revenu en 2006, en cachette à Béjaïa, pour vendre ses spectacles à Izem Production, payant ainsi des vacances à toute sa famille à Béjaïa. Si Fellag ne fait plus spectacle en Algérie, c´est qu´il a des choses à se reprocher. C´est dommage! car c´est le seul dramaturge qui a tout compris du système algérien. [email protected]