Ce père de famille a voulu jouer un mauvais tour à une permanence de l´élection présidentielle, mal lui en prit. La police était sur les dents. Il a la cinquantaine. Il est père de cinq enfants. Il s´est comporté en gamin en appelant la police criant à la bombe. L´article 145 du Code pénal est déclenché. Et cet article de loi met en avant le délit contre l´ordre public en dénonçant aux autorités un délit qu´il n´a jamais commis. Ainsi, outre la peur, la panique, le dérangement, il y a toute la machine policière qui se déclenche pour n´arriver à rien, une farce de mauvais goût, en somme. La présidente de la section correctionnelle ne s´attendait pas à voir depuis le box, un chic père de famille BCBG mais avec une tête, mais alors une tête, on ne vous dit pas! «Une année de prison ferme», dit la procureure Akila Bouacha. Auparavant, il avait amèrement regretté sa bêtise. «J´avais de gros problèmes. Depuis deux mois, je n´étais pas bien dans ma peau», dit-il avant que Saloua Makhloufi-Derbouchi la juge ne commente: «Vous aviez de gros problèmes. Vous vous êtes créé de plus gros avec la détention préventive. Ainsi, vous êtes allé de mal en pis!» souligne le juge avant que Bouacha ne cherche à savoir qui avait donné le n° du téléphone de la partie civile, un siège de permanence de l´élection d´avril 2009. «Je l´ai lu en première page sur une pub d´un quotidien», marmonne le détenu que son avocat va très bien aider en confirmant le fait que l´inculpé n´appartient même pas à un courant politique et lorsqu´il a envie de se faire plaisir, il ne se consacre qu´à sa famille et c´est très bien ainsi. «Madame la présidente, il y a des jours où des gens "bien dans leur peau" qui connaissent un vide, un passage à vide, comment tout athlète et donc sombrer sans s´enfoncer dans les tréfonds du problème rencontré passablement, un problème qui peut tout bouleverser», a dit le défenseur. Makhloufi Derbouchi, la juge relit avec beaucoup de patience comme elle le fait systématiquement lorsqu´elle a, en face d´elle, un détenu qui comparait en flagrant délit et élève pour une fois, le ton: «Inculpé, je suis en train de vous imaginer former le n° et prendre le risque d´être arrêté. Le séjour en prison n´a pas été du tout ce que vous...redoutiez. N´est-ce pas?» «Oh, oui, madame, ne m´en parlez plus. La détention, même provisoire, est un enfer...», répond l´inculpé: «C´est à vous que vous devriez le répéter», rétorque Makhloufi. Cette même juge, parfaite mère de famille qui a dû lire dans le subconscient du coupable de l´infraction que la douleur le tenaillait et que probablement, il n´attendait que la fin de ce calvaire nommé interrogatoire. Elle lève une dernière fois la tête, demande à l´inculpé de dire le dernier mot selon la loi. «Je suis stupide lorsque j´y pense. Je n´ai pas songé une seule seconde aux conséquences de cet appel téléphonique», dit-il, plein d´amertume. Saloua Makhloufi-Derbouchi décide de mettre le dossier en examen pour la semaine prochaine, c´est-à-dire que l´intrus, celui-là même qui a joué avec le feu, apprenne à ses dépens que notre pays n´est pas aussi mal loti sur le plan sécuritaire qu´il devait le penser au moment où il avait décidé de jouer au lapin qui sort du chapeau, pardon de la chéchia.