Alger L?article 335 du Code pénal est formel : «Est puni de 5 à 10 ans de réclusion tout attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violence contre les personnes de l?un ou de l?autre sexe.» L. M., policier, sème le drame dans une famille et se voit condamné à 3 ans de prison pour tentative de viol. Lorsque la vie coule paisiblement au sein d?une famille «bien sous tous rapports», on imagine mal un drame bouleversant le quotidien de gens ordinaires. Pourtant, un homme sera à l?origine de ce que l?on appelle une tragédie familiale. La salle du tribunal d?Alger, en cette matinée d?avril 2003, ne compte pas beaucoup de monde car l?audience se déroule à huis clos. Trois hommes sont jugés. L. M., l?accusé principal, est âgé de 32 ans, policier de son état et père de trois enfants. Son forfait est grave : tentative de viol, dans la soirée du 31 décembre 2000, en état d?ivresse, avec violence, sur la personne d?une jeune femme qui n?est autre que sa voisine, dans un paisible quartier d?Hussein Dey. Outre la tentative de viol, L. M. est poursuivi pour délit d?effraction car, usant de son statut professionnel, le jeune homme n?a pas hésité à s?introduire dans le domicile de «celle qu?il voulait à tout prix». Les deux autres accusés Karim A. et Rabah A., sont les jeunes frères de Louisa A., la victime, et sont poursuivis pour coups et blessures sur la personne de L. M., qu?ils ont empêché de commettre l?irréparable. Mais comment tout cela est-il arrivé ? L. M. a un plan diabolique dont la cible est sa jeune voisine qui le met dans tous ses états à chacune de ses allées et venues. Louisa, divorcée et maman de deux adorables fillettes, vit chez ses parents et jouit d?une excellente réputation. Il est vrai qu?elle a, à maintes reprises, remarqué les regards «fous et vicieux» que lui lançait son voisin, mais elle ne s?est jamais doutée qu?il pourrait tenter un quelconque geste déplacé à son égard. Le plan de L. M. était simple : se débarrasser de son épouse et de ses enfants en les déposant chez ses beaux-parents, puis, la nuit venue, la belle Louisa lui appartiendrait enfin ! Tout le monde dort dans la maison. Au premier étage, dans l?une des vastes chambres, une ombre est debout au pied d?un grand lit où dorment, tendrement enlacées, Louisa et ses fillettes. L?ombre maléfique n?est pas sensible à ce charmant tableau qui s?offre à ses yeux avides de bestialité. D?un geste brusque, il va détruire l?amour unissant une famille qui, jusque-là, a vécu dans la quiétude. Prestement, il arrache la couverture qui couvre les trois malheureuses et se prépare à violenter la jeune femme, muette d?effroi. Dans la pièce voisine, Rabah sursaute et se rue vers la chambre de sa s?ur, alerté par les bruits étranges qui en proviennent, alors qu?il tente de trouver le sommeil. Et si un voleur s?était introduit chez eux ? Sa surprise est grande lorsqu?il découvre avec horreur L. M., son voisin, prêt à violer sa s?ur ! Aidé de son grand frère Karim, ils rouent de coups l?indélicat visiteur de nuit avant de le ligoter et d?appeler les services de police. Durant l?audience, l?avocat de la défense, Me Fatiha B. Chelouche, plaide «les excuses légales» (article 52) en faveur des deux frères A., estimant «qu?ils ont été sages de ne pas tuer l?agresseur qui s?était introduit par effraction dans le but de porter une grave atteinte à la dignité et à l?honneur de la famille». Dans une longue plaidoirie, elle demande l?acquittement pour ses clients, qui ont réagi comme «tout frère digne aurait réagi pour sauver sa s?ur que l?on s?apprêtait à violenter». Le ministère public, pour sa part, requiert six ans de prison ferme pour L. M., et deux ans pour Rabah A. et Karim A. Après délibérations, l?accusé principal, L. M., est condamné à trois ans de prison ferme, Karim A. à 6 mois, alors que Rabah A. est acquitté. «Où est la tragédie ?», diront certains. Au lendemain du drame, Louisa disparaît dans la nature, emmenant avec elle ses deux fillettes, fuyant la honte comme si elle en était responsable. Son vieux père, gravement malade, est hospitalisé, et son frère purge une peine de prison car quelqu?un a désiré son corps? N?est-il pas dramatique de briser toute une famille pour quelques minutes de plaisir ?