Aziz F. est un jeune oisif qui est allé s´adosser du côté d´un établissement scolaire. C´est le début des ennuis... Aziz F., vingt et un ans, est dans de beaux draps. Il est poursuivi pour outrage à fonctionnaires de police dans l´exercice de leurs fonctions, fait prévu et puni par l´article 144 du Code pénal. Et ce Aziz F., que le papa a suivi du banc, réservé aux curieux durant les débats, était flanqué de Maître Benouadah Lamouri, lui-même «doublé» de Maître Nacéra Lamouri. Ils étaient décidés à plaider tous les deux car l´inculpation était blindée et donc il fallait des tirs nourris depuis la barre pour sauver ce qui peut l´être en ces temps rudes, surtout que sur le siège du ministère public, était installée cette petite diablesse de procureure, Ouahiba Chebaïki, la représentante du ministère public et surtout, la chef de la police judiciaire dont les éléments sont ce mardi...victimes d´engueulades proférées dans tous les sens par ce Aziz F., emporté par une colère que rien n´expliquait, ni plus grave, ne justifiait. Mohammed Ettahar Belkadhi, le jeune président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès), était plutôt attentif et ce, devant ce redoutable renard des juridictions, Maître Lamouri, célèbre pour ses envolées assourdissantes, mais polies, ce qui lui vaut le respect de tous. Et ce n´est pas Ouahiba Chebaïki, elle si prompte aux répliques, qui va soutenir le contraire. Le juge allait poser six bonnes questions à l´inculpé, qui donneront comme réponses que lui, Aziz.F, avait été énervé par le fait qu´on lui ait demandé ses papiers alors qu´il passait devant un établissement scolaire Ensuite, la moutarde lui était montée au nez, vu la manière peu cavalière, avec laquelle l´un des flics s´était adressé à lui. Puis, il mit en avant les nerfs mis en branle, car il était pressé et donc le fait de vérifier ses coordonnées, lui a fait perdre son temps. A cela est venue s´ajouter la gratuite accusation qu´il était en train de draguer les adolescentes sorties du collège et surtout qu´il n´a pas insulté ni outragé les policiers dont dira l´avocat de Dar El Beïda, le comportement reste incompris par mon client qui a droit à ce que l´on croit en sa version. D´ailleurs, juste après que Chebaïki eut requis une peine d´emprisonnement ferme de un an, le défenseur enfourcha son légendaire étalon noir pour effectuer un galop effréné et partir à l´assaut du réquisitoire: «L´honorable parquetière a le droit d´effectuer ses demandes dans les limites de la loi. Or, la loi, dans son article 144 (article 600 de la loi n°06-23 du 20 décembre 2006) dispose d´un emprisonnement de deux mois. Oui, M. le président, deux mois à deux ans, et une amende de 20.000 dinars à 100.000 dinars, ou bien M. le président, l´une de ces deux peines seulement. Voilà ce qu´a recommandé le législateur. Mais le parquet, toujours aussi rigide, ne va jamais vers l´inculpation, mais le délit. C´est ridicule. Une amende peut-elle éduquer ce jeune, si tant est qu´il a commis l´infraction. Y a-t-il un seul témoin autour de l´outrage? Non. Il y avait un barrage de police et leurs collègues auraient pu voir le jeune outrager les hommes de l´ordre. Il n´y a rien: ni outrage, ni trouble à l´ordre public, certes, nos vaillants policiers sont souvent victimes de tels comportements, mais cette fois-ci, c´est tombé à l´eau. Et puis, pour finir, M. le président, il n´y a aucune loi qui interdit d´être adossé près d´un établissement scolaire, oui, c´est cette étincelle qui a mis, si l´on peut dire, le feu aux poudres», avait martelé le conseil qui a réclamé seulement la relaxe, car rien dans le dossier n´existe pour le faire condamner. La mise en examen est décidée pour la semaine prochaine, le temps qu´il faut au tribunal pour statuer sur le cas d´un jeune adossé à un mur d´un établissement scolaire.