Les trois inculpés de détention, d´usage et de commercialisation de drogue ont dû regretter le ramassage d´un sachet. Enfin, c´est ce qu´ils soutiennent. «La détention de stups sous-entend usage et même commercialisation», s´est écrié Maître Lamouri, l´avocat d´un détenu poursuivi pour détention et commercialisation et qui risque une lourde peine même s´il est un délinquant primaire, au casier vierge, blanc, irréprochable. Quatre-vingt-sept grammes! de quoi endormir tout le plateau des Annassers, Garidi et même la moitié des Sources! L´avocat s´en prendra par la suite à son client qui n´a pas eu la présence d´esprit d´aller au poste de police le plus proche et se débarrasser de ce poison. «Les cinq années requises par l´honorable parquetier vont en droite ligne de la loi mais le tribunal saura être à la hauteur de son indulgence», a conclu l´avocat qui s´effacera au profit de son jeune confrère Maître Mohammed Alloune qui va faire son possible pour expliquer au tribunal qu´il a devant lui un dossier normalement allant dans le seul sens de la détention. D´ailleurs, même Maître Hadj Laïdat aura l´occasion de crier son désespoir: «Pourquoi donc coller une telle inculpation grave qui a sonné dans les cervelles tel un gros coup de marteau mortel et sans espoir?». Dans cette optique, il faut tout de même signaler sans trop s´enfoncer dans le «brouillard» d´un dossier que le ministère public a ficelé sur la base des éléments qui lui ont été présentés. Un dossier que les trois avocats issus de trois générations de défenseurs, il est utile de le souligner, ont décortiqué pièce par pièce, concept par concept. C´est ainsi que les mots: détention, usage, commercialisation, trafic, sniff, accoutumance, ordonnance de cachets ont défilé sur les mâchoires des conseils qui étaient décidés à ne pas laisser le représentant du parquet évoluer tout seul et se laisser aller vers l´article «répressif» de la loi sur la prévention et la protection autour des stupéfiants, que les services de sécurité voient des milliers de quintaux noyer le marché local et pas dans la capitale. Et lorsque Maître Benouadah Lamouri a entre les mains un dossier portant «trafic de drogue», il monte sur un étalon noir et lance une diatribe contre tout ce qui tourne autour des stupéfiants. Depuis les frontières où pourtant une vigilance sans faille permet aux gardiens de l´intégrité du pays de juguler tant bien que mal ce...mal. «Convenez avec moi madame la présidente, que le petit avocat que je suis est incapable de vous donner la recette pour venir à bout de ce fléau universel. Ce que je peux à la limite, c´est tenter d´expliquer à l´honorable tribunal que la quantité trouvée sur les trois inculpés dont le vieux, a tout de même une origine. Et comme je l´ai déjà dit tout à l´heure lors de l´interrogatoire, mon jeune client aurait pu avoir un autre comportement lorsqu´il avait trouvé ce maudit sachet destructeur», avait lancé, le front en sueur, l´avocat. Nadia Amirouche, cette magnifique présidente de la section correctionnelle qui a le don de savoir écouter mais qui a horreur que l´on fasse du surplace, avait remercié les trois plaideurs avant d´écouter le dernier mot de chacun des trois inculpés détenus: «Je n´aurais jamais dû ramasser le sachet», dit, les larmes aux yeux Abderazak L. «Je demande l´indulgence du tribunal» lance, les lèvres basses, Zoubir R. «La relaxe, je suis innocent», balance, sérieusement Abdelmadjid F.Amirouche décide la mise en examen sous huitaine et annoncera le verdict attendu: Abderazak L. deux ans ferme, Zoubir R. dix-huit mois ferme, Abdelmadjid F. un an assorti du sursis. Maître Lamouri sourira par la suite, reconnaissant que le casier vierge a beaucoup joué dans les plateaux de la balance, une balance au glaive impitoyable pour ce qui est de la commercialisation de drogue, un fléau qui fait plutôt «forteresse inaccessible» qu´un «gourbi» facilement destructible, car la chaîne de ce fléau a des maillons chers, durs, durs et surtout la logistique depuis Zoudj Brel à Bouchebka!