Un véhicule de tourisme est garé aux abords de la route de Sidi Fredj. Il est suspecté et... Une grave affaire de trafic et d´usage de cocaïne a été jugée à Chéraga. Grave car cette affaire de stups va droit sur la cocaïne, un phénomène qui prend de l´ampleur ces derniers temps. C´est encore plus grave car sur les quatre détenus, l´un d´eux, Mohammed Nadjib K., vingt-huit ans, sans profession, a déclaré, lors de l´enquête préliminaire devant les gendarmes, qu´il s´est approvisionné une fois à Sidi Fredj, aux alentours de la Résidence. Voilà qui laisse songeur car il est connu dans le milieu de la pègre que le meilleur endroit pour se cacher de la police, reste le couloir du...commissariat du coin. Les quatre détenus étaient entrés dans la salle d´audience, complètement démontés car ils risquaient jusqu´à dix ans d´emprisonnement ferme. Une grave affaire de trafic et d´usage de cocaïne. Entendu le soir même de son interpellation, Moham-med Nadjib K., était complètement «out» car allongé, une piqûre dans une veine de l´avant-bras gauche et réellement planant. Lors de ses trois audiences, il va faire preuve d´une énigmatique position. Une première fois, il reconnaît avoir acquis la cocaïne à cinq cents dinars auprès de Missoum qu´il ne connaît pas très bien. Une deuxième fois, il a acheté pour mille dinars la dose auprès de Abiza qu´il a reconnu sur le carnet de photos de suspects présenté par les gendarmes. Il était dix heures du matin, le 16 décembre. La veille, ce n´était pas Abiza mais Missoum. Et c´est sur ces contradictions que les avocats joueront plus tard lors du procès. Maître Nassima Aïd va devoir plonger dans ce bassin où elle adore s´y jeter: relever les déclarations contradictoires pour pouvoir trouver les failles menant à un verdict des plus légers. D´ailleurs, comme à l´accoutumée, l´avocate de Chéraga allait enfourcher un étalon noir pour mener des assauts secs contre les implantations où la condamnation montre le bout du nez. Et elle va se servir de son arme secrète: l´usage abusif des déclarations contradictoires depuis le début de l´enquête jusqu´à la barre en passant par le bureau du parquet. Les autres défenseurs aussi seront du «bal non-masqué» où toutes les ficelles auront été utilisées même si cette vigilante et coquette présidente de la section correctionnelle du tribunal de Chéraga (cour de Blida) Ouahiba Mezaâche avait veillé au grain prouvant par là qu´elle était dans la magistrature pas pour pavoiser mais pour s´imposer contre vents et marées. La détention, l´usage et la commercialisation de stupéfiants qui sont des délits prévus dans la loi du 25 décembre 2004, sont combattus avec la plus grande rigueur que la loi a prévue, et qui demeure, pour les représentants du ministère public, une arme redoutable qui leur évite de trop s´étaler lors des demandes et du réquisitoire. C´est pourquoi, dans ce dossier où le parquet sait qui a fait quoi, où et comment, le procureur va demander une peine de prison ferme de dix ans pour détention, usage et commercialisation de drogue, jouant son rôle sans trop s´étaler sur les faits concernant ces inculpés qui semblent déjà vivre le cauchemar d´une méchante condamnation alors que l´avocate s´était dépensée sans compter durant les débats, posant cent questions, juste pour prouver que ces jeunes n´étaient pas de gros dealers mais juste des coquins qui se mordent les doigts pour avoir sûrement sniffé, sauf Missoum le client de Maître Aïd qui avait cassé la baraque couverte qu´elle était par l´immunité du port de la robe noire. La présidente devait être au courant que l´un des inculpés était le neveu d´une grosse légume à Chéraga et donc cela pouvait expliquer la détention de cocaïne que seuls les nantis pouvaient avoir sur le marché des dealers. C´est pourquoi, sachant que les deux autres pauvres bougres n´étaient que de petits minables sniffeurs de cannabis brut, elle a eu ce sentiment de - nous allions écrire compassion-envers eux et n´a donc pas à trop malmener les inculpés tout penauds. Ouahiba Mezaâche attend les demandes: «Dix ans pour chaque inculpé pour commercialisation de drogue», siffle Mohammed Zaïm, le représentant du ministère public qui a dû puiser dans les articles 12 et 17 de la «loi sur la prévention de stupéfiants et de substances psychotropes», cette loi n°04-18 du 25 décembre 2004.Elle va tout de même décider d´une courte mise en examen, avant de prononcer une relaxe méritée en faveur de Missoum, une amende méritée ferme de dix millions de centimes pour Med Nadjib K., et Abdelkader M., qui ont été relaxés quant à l´inculpation de trafic de drogue.Maître Aïd est sur un nuage, son client va passer sa première nuit de liberté en 2011 chez lui.