Trois avocats sont décidés à tirer du bourbier deux amateurs de came et ce, face à un procureur. Le tout arbitré par Barik...de poudre! Trois avocats pour deux détenus, sont prêts à croiser le fer avec Samir Hemali, le représentant du ministère public qui poursuit deux inculpés en flagrant délit de détention et d´usage de stups, outre le port d´arme blanche pour le second inculpé. Ils sont nés, tous les deux, en 1987: 23 ans à peine. Nabil et Slimane. D´emblée, devant Hadj Barik, le juge de Koléa (cour de Blida), le second détenu reconnaît la détention de stups mais pas le port d´arme blanche. Slimane dit oui au seul délit. Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle met les choses au point: il dit à Nabil: «Vous étiez assis aux côtés de Slimane, donc vous sniffiez. C´est une règle chez les consommateurs de came.» Et pourtant, le second détenu lave son ami et coinculpé: «Il ne fume même pas de tabac.» Les débats glissent sur une chaussée qu´adore Hadj Barik, ce juge qui évite les malentendus et les répétitions. Maître Mohammed Ghanem plaide pour Slimane du haut de ses 186 centimètres, met en exergue la spontanéité de son client qui a donc droit de suite aux circonstances atténuantes. «Pour mon jeune client dont la sincérité est à louer, c´est une première et dernière fois. Ce fils adoptif unique qui s´occupe d´une vieille qui a été "punie" par la détention préventive de ce jeune égaré qui n´est pas prêt à recommencer ces bêtises», car, ajoute l´immense avocat, «il a vu ce que c´est la prison, la détention, l´incarcération et le monde affreux qu´il a vécu cette semaine ou plutôt le week-end dernier.» Le procureur, qui a l´habitude de suivre les plaidoiries, allongé, carrément à l´aise, a réussi à laisser échapper des rires éloquents quant aux deux délits retenus à l´encontre de ces deux jeunes qui se trouvent dans un mauvais état. Maître Azzedine Gasmi, pour Slimane, refuse de faire long car son confrère Maître Ghanem a tout dit. «Le tribunal a dû apprécier car ce dossier est franchement vide, pour ce qui est de ce "paquet" d´inculpations.» Il proteste contre la manière de faire du parquet. Il relève l´absence d´humanisme à l´encontre des jeunes pris souvent dans une toile d´araignée et donc pouvant être mieux pris en charge durant leurs auditions: «Entendre des inculpés ne signifie nullement les harceler», dit-il. Maître Ilhem Bennour pour Nabil, elle ne va pas par quatre voies. Elle va droit aux circonstances atténuantes. Elle souhaite ardemment que le court séjour passé à l´ombre leur servira d´exemple à ne plus suivre. «Relâchez-le. Il est las.» «Quant au port d´arme, elle se trouvait à l´intérieur du véhicule. Il n´y a jamais eu de port ni de brandissement», balance, encore une fois, l´avocate brune encouragée par ce renard de Maître Ouali Laceb, lui qui venait d´une tentative inespérée, celle de convaincre Hadj Barik que les deux frères ne pouvaient être poursuivis pour escroquerie (c´est une autre affaire), mais que c´est un dossier...civil!!! Maître Laceb apprécie la fougue de Maître Bennour. Signalons que Samir Hemali, le représentant du ministère public du dimanche, a réclamé une peine de prison ferme de deux ans, sans trop s´étaler sur les délits car lié au parquet par l´indivisibilité du siège, quand bien même son opinion servit autre que celle du procureur qui a entendu les inculpés poursuivis sur la base de la loi. Il est vrai que dans toute cette histoire ficelée de bout en bout par une petite enquête suivie d´une courte instruction, l´écheveau avait été démêlé par les enquêteurs et le magistrat instructeur. Or, les avocats, à l´unanimité, ont tous crié leur douleur face au ratage effectué, on aurait pu aller au «civil» et éviter le pénal. Et faisant contre mauvaise fortune bon coeur, la défense prit le chemin des circonstances atténuantes et Hadj Barik celui de la réflexion avant de décider.