Tapie d´abord durant toute la matinée au milieu des consoeurs de Blida, Koléa, Larbaâ et Boufarik, Maître L´houaria Henni se lèvera pour sonner l´hallali d´une boiteuse inculpation... L´avocate de Tahar L., la vingtaine, était dans une position qui n´avait jamais été la sienne lorsqu´il lui arrivait de rentrer dans la salle d´audience attendre son tour pour jouer son rôle qu´elle adore, surtout s´il s´agit d´un détenu qu´elle considère, au vu du dossier, innocent. Ce jour-là-dans la salle d´audiences du tribunal de Blida - sinistre malgré son récent «check-up», elle était arrivée très tôt, plus tôt que la greffière de ce sympathique Rabah Ouriachi, cet excellent président de section correctionnelle. Tapie dans un coin au milieux de ses consoeurs venues en force de la Mitidja et du Piémont, Maître L´Houaria Henni, au regard ensorcelant et frisant souvent la méfiance et la vigilance, était probablement en train de mijoter un petit plan diabolique, susceptible d´entraîner et Ouriachi, le juge, et Deni, le procureur sur son terrain favori: l´attaque à outrance, car comme maître Djamel Boulefrad, Maître Chabi Benouaret, le bâtonnier Abdelkader Brahimi et Maître Rachid Morsli, son adage est que la meilleure défense demeure l´attaque. Et cela est d´autant plus vrai que son client, poursuivi pour usage, détention et commercialisation de drogue, risquait une très lourde peine selon la loi 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Et comme cette loi est malheureusement «embuée de zones d´ombre» permettant aux juges de taper fort et là ou il faut, certains avocats jouent sur les non-dits des procès-verbaux des éléments de la police judiciaire, probablement las de combattre ce terrible fléau qui demeure le trafic de came sous toutes ses formes et sous tous ses traits. Et comme pour motiver encore plus l´avocate, l´article 17 de ladite loi n´est pas un «gâteau au miel» mais plutôt un «mal au fiel». Il est vrai que cet article dispose que: Est punie d´un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans et d´une amende de cinq millions de dinars à cinquante millions de dinars, toute personne, qui, illicitement produit, fabrique, détient, offre, met en vente, acquiert, achète pour la vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporter des stupéfiants ou substances psychotropes. La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l´infraction consommée. Les actes prévus à l´alinéa premier ci-dessus «sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu´ils sont commis en bande organisée». Et heureusement pour ce pauvre bougre qu´il était seul et que la quantité trouvée aux abords du lieu où Tahar se trouvait ne pesait pas une tonne. Les policiers n´ont ramassé de la chaussée qu´un mégot jeté par on ne sait qui et qui était à plus de sept mètres du jeune interpellé. Ensuite, la quantité trouvée dans une large fente du mur d´un local en réfection n´a jamais été pesée, ni estimée. Sur le procès-verbal, on parle d´une grosse boulette. Donc, il s´agit, M. le président d´une boulette de la grosseur de celle de la viande hachée, elle ne peut pas peser plus de...un demi-gramme. Donc, nous ne voyons pas la commercialisation. Et quand bien même, M. le président, la loi est claire: lorsqu´il y a commercialisation, il y a un acheteur et un revendeur. Or, Tahar était seul au moment où il a été arrêté, s´est écriée l´avocate qui avait fait un boucan, correctement installée à la barre et devant Ouriachi, attentif et Deni plus que muet et pour cause. Passant à l´usage de stups, Maître Henni allait dire deux mots et demi: «Il ne fume même pas le tabac ordinaire!» Elle clique et bat des cils. Elle est plutôt sérieuse malgré le risque de voir Ouriachi, le président de la section correctionnelle de Blida, soulever le glaive pour trancher dur et sec dans ce dossier. Avec sa toute petite expérience, elle semble ne pas se soucier des suites à donner car elle connaît les retombées de la loi du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. La loi 04-18 qui compte 39 articles dont beaucoup d´entre eux prévoient la cure, les soins, la prise en charge des drogués malades, mais pas les dealers, ne semble cependant pas être dissuasive car nos juridictions comptent quotidiennement des centaines de dossiers relatifs à la détention, à l´usage et surtout à la commercialisation des stupéfiants. C´est pourquoi, en mettant en examen ce dossier, Rabah Ouariachi le juge, ne veut pas faire dans la précipitation, mais plutôt dans la mesure.