Cette sortie, non prévue au programme, s'est faite en l'absence de Abdelaziz Belkhadem. Le Président de la République a surpris tout le monde en effectuant, jeudi, une visite de quelques heures à peine en Jamahiriya libyenne. Le communiqué rendant compte de cette visite a indiqué que les discussions entre les deux chefs d'Etat, Abdelaziz Bouteflika et Mouamar Kadhafi, ont achoppé sur les sujets chauds du moment. A savoir, les crises irakienne et palestinienne, mais aussi la situation qui prévaut dans le monde arabe et dans le continent noir. Bouteflika, qui a déjà effectué une visite en Libye il y a de cela quelques mois pour tenter de convaincre Kadhafi de ne pas se retirer de la Ligue arabe, a, une nouvelle fois, abordé ce sujet avec son homologue libyen. L'Algérie, par la voix de son chef de la diplomatie, avait déjà commenté le geste «désespéré» de la Libye en indiquant que la Ligue arabe devait faire en sorte que les raisons qui poussent la Libye à agir de la sorte disparaissent. Il s'agit là d'un soutien implicite aux positions libyennes devant les trop nombreux «renoncements» et «abdications» arabes concernant de nombreuses questions de principe. Ce n'est, du reste, pas un hasard si les deux pays, à l'occasion de cette visite, ont de nouveau mis en exergue l'«excellence» des relations qui lient ces deux pays voisins. La Libye qui, longtemps, a risqué d'être une cible de l'Oncle Sam, a trouvé l'Algérie à ses côtés. De nombreuses sources, en effet, indiquent que notre pays a joué un rôle important dans le dénouement de l'affaire Lockerbie et l'accord enfin trouvé entre Tripoli et Washington d'abord, pour le jugement des auteurs de l'attentat, et ensuite pour le dédommagement des familles des victimes. Mais l'ensemble de ces questions ne peut expliquer la visite inattendue et éclair du chef de l'Etat algérien en Libye. Bouteflika, sans doute pris par le temps, n'a même pas été accompagné des délégations requises pour ce genre de déplacement. Même son chef de la diplomatie n'était pas du voyage alors que Bouteflika a rencontré de nombreux hauts responsables libyens. La thèse que ce voyage éclair soit liée à l'affaire des touristes disparus dans le Sud algérien peut y trouver son explication. Il n'y a pas, comme chacun le sait, de hasard en politique. Comme chacun le sait, le jour même de l'assaut donné contre le premier groupe terroriste et la libération de 17 touristes, le chef de la diplomatie libyenne, Abdessalam Triki, se trouvait en Algérie. Des sources et des analyses indiquent que le second groupe terroriste, qui détient encore une quinzaine de touristes européens, aurait pu trouver refuge en territoire libyen. La frontière entre les deux pays sert de lieu de passage aux contrebandiers. Elle servait jadis aux combattants du FLN. Elle peut avoir été choisie par les hommes de Mokhtar Belmokhtar pour se soustraire à l'étau des forces de sécurité algériennes. L'opération menée avec brio mardi dernier, libérant tous les otages sans qu'aucun ait été blessé, a dû donner à réfléchir au second groupe qui a pu choisir le chemin du repli. D'où, peut-être, la demande de collaboration avec les plus hautes autorités libyennes afin que cette affaire, qui n'a que trop duré, voie son dénouement dans les plus brefs délais.