«Djamel Bouras! Voilà un Algérien à qui on donne des moyens!» Propos de Salima Souakri, commentant la victoire de Djamel Bouras qui venait de gagner la médaille d´or pour la France aux Jeux olympiques. Il y a quelques mois, la chaîne privée marocaine MeD 1 Sat lançait sa première émission de débat politique sur le satellite «Dafatane». L´émission est animée par la journaliste algérienne Leïla Bouzidi. En regardant cette émission, on se rend compte, à quel point l´Algérie, a perdu du temps en empêchant l´ouverture audiovisuelle et surtout la promotion de valeurs sûres de notre Unique. Leïla Bouzidi fait partie de cette génération de journalistes de la Télévision algérienne, de l´après-Octobre 88, à l´image de Warda Laoufi, Ali Oudjana, Katia Abad ou encore Lazhar Meratla. Des journalistes venus de l´ITFC, à la fleur de l´âge et qui n´avaient qu´une seule ambition: révolutionner la Télévision algérienne en se démarquant des anciens. Ils arrivaient au Boulevard des Martyrs quand d´autres en sortaient. Des journalistes qui défiaient le terrorisme, la menace intégriste et vivant dans l´univers glauque de Sidi Fredj, avec la peur au ventre. Aujourd´hui certains de ces journalistes sont soit partis faire carrière à Londres comme Ali Oujana, ou sont restés en Algérie, comme Abad et Laoufi, alors que d´autres ont choisi de s´exiler au Maroc, à Tanger, dans la très controversée Medi1 Sat, qui entretient des relations très électriques avec l´Algérie et avec sa radio du même nom. Leïla Bouzidi, qui a commencé ses classes avec «Min Ouaqiana», a touché à l´actualité à travers les maux de la société algérienne. Une expérience fructueuse puisque cette émission lui a ouvert les yeux sur les grands reportages. L´Entv, qui s´interdit de toucher aux faits divers dans le Journal télévisé, avait créé une émission bimensuelle qui traitait des maux de la société. La direction de l´Entv avait à l´époque de HHC donné la latitude pour traiter des sujets tabous tels que le viol, la drogue, l´exorcisme ou encore la violence dans la petite délinquance. Mais c´est en entrant dans Khalifa News, la première télévision privée dans le Maghreb à l´époque, au début de 2003, que Leïla Bouzidi avait découvert aux côtés de sa rédactrice en chef, Soraya Bouamama, de ses collègues Ali Oudjana et Warda Laoufi les possibilités qu´avaient des journalistes algériens dans une télévision hors circuit Entv. Trois mois après son entrée à Khalifa News, Leïla Bouzidi fait connaissance avec les affres de la dissolution et la fermeture d´un media, l´obligeant à revenir tête baissée au 21 boulevard des Martyrs. Cette chute professionnelle lui a permis de prendre conscience de ses véritables capacités professionnelles. Elle est arrivée à décrocher une place dans la chaîne économique Cnbc, avant de rejoindre la chaîne marocaine Med 1 Sat au début des années 2005. A l´époque, elle avait jeté aux «water closets» tous les conseils d´amis sur le risque de travailler dans une chaîne marocaine qui passe son temps à chercher des poux aux abords d´Alger. Des années après, Leïla Bouzidi est toujours en poste et a gagné en «galons» puisqu´elle décroche le mérite d´animer la première émission politique de la chaîne privée marocaine. Alors promotion professionnelle ou poste alibi, la nomination d´une des meilleures journalistes de l´Entv à cette émission très regardée au Maroc restera néanmoins la marque de réussite d´une valeur sûre de la Télévision algérienne. [email protected]