«Je préfère une vérité nuisible à une erreur utile: la vérité guérit le mal qu´elle a pu causer.» Johann Wolfgang von Goethe Slimane Hadjar, l´un des principaux comédiens français du téléfilm Djihad réalisé par Félix Olivier pour Canal+ dans lequel il tenait le rôle principal aux côtés de Saïd Taghmaoui, Thierry Frémont et Marianne Denicourt, et archi rediffusé sur Canal+ depuis deux ans et pas plus tard qu´il y a deux semaines sur Canal+ Sport, vient de faire son mea culpa aux musulmans, à travers une lettre publiée sur Internet. Il affirme dans sa lettre avoir participé à une déformation de la réalité sur l´endoctrinement islamiste des jeunes de la banlieue. Le comédien qui n´a pas pu s´exprimer à la télévision a voulu réagir sur un site de l´Association des musulmans de Seine-saint-Denis Slimane Hadjar affirme que l´aveuglement dont fait preuve la majorité des comédiens qui débutent et qui veulent à tout prix entrer dans le cercle très fermé des acteurs «qui travaillent» ne leur permet pas, a priori, de s´interroger sur le contenu d´un scénario. Et c´est d´autant plus vrai lorsque l´on vous propose un premier rôle et de surcroît très bien payé. Il a révélé, pour la première fois, des vérités sur le tournage de ce film qui a fait couler beaucoup d´encre. Le comédien français raconte les conditions de tournage effectuées au Moyen-Orient, en Israël, dans les villes arabes comme Jaffa ou Akka. Ils avaient tourné dans les territoires occupés par Israël, une histoire qui devait avoir lieu en Irak et qui visait à offrir de mauvais clichés sur l´Islam. Un tournage qui lui a permis de visiter El Qods, le «berceau des religions» et d´effectuer une visite à l´Esplanade des Mosquées où il a eu le privilège de faire la prière du vendredi à la mosquée sacrée d´Al-Aqsa (Masjid Al-Aqsa), troisième Lieu Saint de l´Islam après Médine et La Mecque. Il révèle que c´est aussi la période de sa vie qui l´a réveillé et l´a conduit sur le droit chemin, se rappelant la période où il était vendeur de chaussures à Usine Center pour environ 450 euros le mois et à plus d´une heure trente de trajet de chez lui. L´Islam dans le téléfilm Djihad est encore associé au terrorisme où les musulmans sont des êtres manipulables et violents. Une infime minorité qui veut convaincre une majorité que l´Islam est une religion venue d´ailleurs qu´on associe aux armes à feu, aux explosions et aux kamikazes. Le film montre aussi le fantasme de l´endoctrinement des jeunes de banlieue totalement écervelés en proie à l´éclatement de la cellule familiale et au deal de la cité qui vont combattre pour «l´amour de Dieu». Dans un passage du film, il avait demandé à la production qu´il serait judicieux que son personnage, qui va combattre en Irak, ne tue personne et se retrouve embarqué à Guantanamo par accident, pour être en accord avec la réalité où la plupart des prisonniers détenus sur la base américaine étaient innocents. Ce changement n´a pu être possible. L´incarcération de Chérif à Guantanamo Bay devait être en quelque sorte justifiée, répond la production et pourtant la réalité est tout autre. La justice française avait relaxé les cinq Français présents là-bas, ces mêmes Français présumés coupables. Le comédien regrette sincèrement et profondément d´avoir participé à une oeuvre qui ne reflète pas la vraie nature de l´Islam mais plutôt son fantasme et ses peurs. Ce mea culpa serait-il le dernier dans un monde du cinéma français où le lobby juif est très puissant et où les comédiens maghrébins sont à chaque fois associés à des rôles de méchants, de terroristes, d´Arabes ou de bouffons de service? [email protected]