Tout le monde se souvient de la première version de Rambo. Rambo I pour les fans de Sylvester Stallone. L´opinion publique américaine découvrait avec stupeur les séquelles profondes de la guerre du Vietnam. Cette guerre barbare, en plus des crimes et des destructions perpétrés sur le terrain des opérations, avait commis des ravages dans l´esprit des soldats américains qui y avaient participé: ceux qui étaient revenus vivants retrouvaient difficilement leur place dans une société de consommation effrénée. Rambo venait rendre visite à un camarade de combat dans une petite ville du Middle-West quand il apprit que cet ami avait succombé à un cancer contracté là-bas: le soldat était dans une unité qui manipulait les défoliants (le produit orange était employé pour désertifier la forêt vietnamienne). Rambo sera traité comme un suspect par un shérif xénophobe et Rambo va lui déclarer une véritable guerre qui nécessitera l´intervention de l´armée. Evidemment, les films suivants de la série Rambo tenteront de faire oublier les côtés négatifs du premier numéro, mais l´opinion publique américaine sait qu´on ne sort pas totalement sain d´une guerre même si elle est gagnée. Les exemples des étranges maladies contractées par des anciens combattants d´Irak, où ont été utilisées des bombes avec de l´uranium appauvri, sont nombreux et illustrent le malaise d´une société fondée sur l´expression omniprésente de la violence armée. Il n´est pas d´ailleurs nécessaire d´avoir vu le documentaire de Michael Moore pour savoir que la NRA est un lobby puissant aux Etats-Unis et qu´il est le bras armé (sic!) du complexe militaro-industriel (concept formulé par Dwight Eisenhower lui-même) qui conduit la politique du pays et le pousse à un interventionnisme continu dans les affaires du monde. La violence n´est, cependant, pas toujours dirigée vers l´extérieur, la violence entretenue par la détention d´armes à feu par une grande partie de la population américaine provoque, de manière sporadique, des comportements extrêmement rares dans les autres pays: fusillades et massacres dans des centres d´activités divers: lycées, magasins, rues, casernes... Michael Moore rendra célèbre dans Bowling for Columbus le massacre dans une école du même nom. Cette répétition d´actes isolés a provoqué un vif débat sur le commerce libre et la détention d´armes sans arriver à une réforme de la loi autorisant le port et la vente d´armes. Bien plus, les attentats du 11 septembre vont provoquer un raidissement de l´aile conservatrice américaine qui va exploiter le filon de l´ennemi infiltré. Celui-ci a désormais un nouveau profil: c´est toujours un individu d´origine musulmane arborant tous les signes extérieurs de sa foi. Les campagnes militaires en Afghanistan, l´agression contre l´Irak et la campagne contre le programme nucléaire iranien, sponsorisée par le lobby sioniste, vont porter au paroxysme la méfiance et l´inquiétude des Américains moyens vis-à-vis de leurs concitoyens de confession musulmane. Les harcèlements, les tracasseries, les railleries à l´encontre d´une minorité très discrète vont exacerber les tensions: il suffit de surfer sur Internet pour voir le nombre de sites racistes qui diffusent des insanités à l´encontre des Arabes, des musulmans et de l´Islam. Alors, que dire de l´enfer que doivent vivre les représentants de cette minorité au sein des institutions et de la société américaine! Etre d´origine palestinienne, être musulman et servir dans une armée d´occupation dirigée par des salafistes protestants doit être une croix trop lourde à porter pour Nidal Hassan Malik, qui a étudié à Virginia Tech, université où un Sud-Coréen a refroidi une trentaine d´étudiants américains.