«La radio est la terre d´élection du service public.» Gabriel de Broglie "Extrait de Les dossiers de l´Audiovisuel" L´ouverture du Séminaire international sur la télévision numérique terrestre à Alger évoquera-t-elle l´ouverture du champ audiovisuel au privé? A ma connaissance, non. Le secrétaire d´Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, n´a pas encore le O.K. pour en parler vertement, mais selon un expert rencontré lors de ce Salon international et qui a été approché par les autorités algériennes sur la question, l´Algérie débutera l´ouverture de son champ audiovisuel par la radio. C´est la naissance naturelle de tout champ audiovisuel dans le monde. Si on évoque avec insistance la TNT depuis plus d´une année, c´est une manière de montrer le développement graduel et technique de l´audiovisuel algérien sans évoquer l´ouverture réelle recherchée. L´expérience des télés privées au Venezuela, au Brésil et au Mexique, et surtout l´échec de Khalifa TV a conduit les autorités à revoir leur politique d´ouverture audiovisuelle. L´exemple de ces chaînes satellitaires privées égyptiennes nous donne un aperçu de l´agressivité d´une télévision quelle que soit sa dimension et sa place dans le champ audiovisuel. C´est pourquoi l´Etat prône d´abord un renforcement du secteur audiovisuel public, avec au moins sept chaînes, et ensuite l´ouverture au privé avec un contrôle rigoureux des contenus. Donc, l´ouverture commencera indéniablement par la radio, comme ce fut le cas en France dans les années 80. Car, en France, il fallait attendre l´arrivée de Mitterrand au pouvoir pour voir la naissance, en 1981, des radios dites libres: NRJ (la Nouvelle Radio des Jeunes), Radio Nova, Radio Contact devenue Nostalgie, RFM ou encore Cité Future devenue Skyrock, ainsi que de très nombreuses radios locales. La loi du 29 juillet 1982 va ensuite réguler tout cela en créant à la hâte la Haute autorité de la communication audiovisuelle qui est chargée d´attribuer les fréquences et de garantir l´indépendance des radios qui restent dans le secteur public (celles de Radio France). Celle-ci sera remplacée en 1986 par la Commission nationale de la communication et des libertés (Cncl), puis par le Conseil supérieur de l´audiovisuel (CSA) en 1989. Aujourd´hui, plus de radios se partagent les fréquences FM réservées au secteur privé. Les autorisations sont délivrées par le CSA pour une durée de cinq ans renouvelable deux fois. Les stations concluent avec le CSA une convention qui fixe leurs obligations, notamment en matière de contenu du programme, de publicité et de proportion de chansons françaises. Même constat au Maroc, pays voisin. Après une longue période de monopole étatique, le Maroc a, de son côté, décidé de libéraliser ses ondes et d´autoriser la création des radios privées, ainsi que d´une seule télévision Medi1 Sat. Même cette libéralisation des ondes demeure sous contrôle, cela a permis une certaine libération de la parole. Parmi les radios privées connues pour leur liberté de ton au Maroc: Hit Radio, Chada FM, Medi 1, ou encore Radio Sawa, une station de radio en arabe financée par le gouvernement des Etats-Unis. Au total, 17 radios entre privées et publiques, c´est peu comparé aux radios publiques en Algérie. Mihoubi a décidé de renforcer ces radios publiques en installant une radio dans chaque wilaya afin de mieux préparer la liberté. Le tout, en attendant la création d´une autorité de régulation du champ audiovisuel algérien. [email protected]