Notre accession à l'OMC aurait pu avoir lieu à la fin des années 80. Beau gâchis. Que de rendez-vous avec l'histoire l'Algérie aura-t-elle ratés, en ce dernier quart de siècle. L'accession à l'OMC tant recherchée aujourd'hui aurait pu avoir lieu à la fin des années 80. Notre première requête officielle d'adhésion au GATT (ancêtre de l'OMC) date de 1986. Année où, faut-il le rappeler, le marché pétrolier connaissait une récession sans précédent. S'en est suivie, deux années plus tard, le 5 octobre 1988, une explosion populaire qui allait changer le cours des choses. La nature du régime s'en trouva changée. De la pensée unique, l'Algérie opta pour l'ouverture démocratique. De l'économie dirigée on passa à celle de marché. La transition allait être douloureuse. Très douloureuse. La vie politique et sociale fut prise de convulsions tragiques. Le dossier déposé au GATT fut gelé. La décennie noire dans laquelle notre pays fut plongé par la suite a ébranlé la République dans ses fondements. Malgré tout et en 1993, une année avant la création de l'OMC, l'Algérie tenta de relancer le processus. En vain. «L'accession après franchissement des étapes dépend de la vitesse de réaction d'un pays aux questions et aux requêtes qui émanent des groupes de travail» nous apprend M.Noureddine Boukrouh notre ministre du Commerce. A l'époque nous n'avions ni la vitesse ni l'esprit pour faire autre chose que de nous occuper des affaires intérieures. Pendant toutes ces années, de 1986 à 1994, le cycle Uruguay (négociations commerciales) a débouché sur les accords de l'OMC. Le GATT aura vécu. Au commerce des marchandises qui était la principale préoccupation depuis 1947 entre les Etats membres, l'OMC allait se pencher sur les servi- ces. En 1997 un accord a été conclu sur les services de télécommunications, un autre est intervenu, la même année, sur les services financiers. Une nouvelle fois donc, en 1997, l'Algérie relançait sa demande d'adhésion. Les démarches s'arrêtèrent une année après. «L'Algérie était en proie à des problèmes terribles. Elle ne pouvait pas prendre d'engagements internationaux», rappelle le ministre. Aujourd'hui, notre pays met les bouchées doubles pour parvenir à l'accord et tenter de rattraper le temps perdu.«Nous avons émis le souhait de mener les négociations bilatérales en continu. Notre demande a été acceptée», précise Boukrouh. «Nous avons eu 5 réunions de groupe de travail, 3 bilatérales et 2 multilatérales», a-t-il ajouté avant de poursuivre: «Nous sommes à mi-chemin et nous espérons pouvoir conclure au cours du premier trimestre de l'année prochaine.» Ainsi donc et alors que des pays voisins comme la Tunisie, la Mauritanie ou encore le Maroc sont déjà membres de l'OMC, l'Algérie aura perdu près de vingt années avant de pouvoir y souscrire. Notre calendrier est ainsi fait. C'est la faute à «pas de chance».