«Il faut flatter la vache avant de la traire.» Proverbe arabe Après l´épisode de la guerre médiatique avec l´Egypte, l´Algérie se rapproche de plus en plus de la Syrie. Il y a quelques semaines, le gouvernement de Ahmed Ouyahia a signé 25 accords de coopération avec la Syrie à l´occasion de la tenue, à Alger, de la 2e session de la Haute commission mixte. Ces accords (qui sont presque passés inaperçus dans la presse), ont porté sur 19 secteurs, notamment la culture et la communication. Ce sont ces deux derniers secteurs qui nous intéressent: les départements de Khalida Toumi et Azzedine Mihoubi, respectivement ministre de la Culture et secrétaire d´Etat chargé de la communication, qui se sont frottés les mains, puisque grace à ces accords cadres, l´Algérie bénéficiera de l´expérience des Syriens dans le domaine du cinéma et de la télévision. Déjà, comme première mesure, les feuilletons égyptiens ont été supprimés du paysage audiovisuel algérien laissant place aux feuilletons syriens ou turcs et mexicains doublés en syrien. Pareil pour le département cinéma et culture, puisque aucun artiste égyptien n´est invité à une manifestation ou festival en Algérie. Même l´Entv n´achète visiblement plus des films égyptiens, mais des films jordaniens, syriens ou libanais. Bien avant même cet accord cadre, les producteurs et comédiens algériens ont commencé à se rapprocher timidement des Syriens. Déjà en 2005, Hakim Dekar, a travaillé en Syrie pour sa série de Djeha. Du temps de Hamraoui Habib Chawki, l´Entv avait produit et réalisé le feuilleton Fatma N´soumer, d´après le scénario de Azzedine Mihoubi, pour un budget de 1,5 million de dollars. Le producteur privé, Youssef Hami, a produit le premier feuilleton algéro-syrien Indama tatamaradou el akhlaq. Question cinéma, la productrice Nadia Cherabi avait «finalisé» son film L´envers du miroir et passé à Damas plus d´une année de postproduction. Mais cette coopération ou rapprochement culturel reste limité, car contrairement au Maroc, où la Syrie produit plusieurs feuilletons historiques, en utilisant les studios marocains de Ouarzazate et emploie des dizaines de cascadeurs espagnols, installés à plein temps au Maroc en raison du passage permanent des productions américaines et européennes, la Syrie n´est pas demandeuse. L´Algérie, sur le plan cinématographique et audiovisuel n´a rien à offrir aux Syriens, si ce n´est son abondance financière. La Syrie travaille beaucoup avec les Emirats arabes unis et le Koweit dans le financement des projets cinématographiques et audiovisuels. La Syrie, qui possède la logistique et les mécanismes de production, prépare d´ailleurs la réalisation d´une superproduction audiovisuelle avec le réalisateur jordanien Mohamed Aziza sur la chute de l´Empire Ottoman, intitulé La Chute du Khalifa avec la participation de 200 comédiens venus de Syrie, d´Egypte, de Jordanie et des pays du Golfe. On retrouve, notamment Samiha Ayoub, Abdelhamid Abou Zahra et Omar Hariri d´Egypte alors que du côté syrien, on retrouvera dans les rôles principaux Abir Aïssa, Abbas Nouri, qui interprétera le rôle du Khalife ottoman après la mise à l´écart de Ghassan Massaoud, qui joua le rôle de Saladin en 2005 dans le film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven. Ainsi, l´Algérie, malgré sa bonne volonté de coller à l´actualité syrienne et arabe dans le cinéma et la télévision, ne s´est pas (encore) affirmé sur le plan arabe, mais sera en revanche présente à Cannes (contrairement à la Syrie qui n´a jamais été sélectionnée). Le cinéma aussi est «un butin de guerre». [email protected]