Nul n'est à l'abri d'attentats perpétrés par cette nébuleuse invisible. Depuis vendredi dernier, la vigilance est de mise au royaume chérifien. Le Premier ministre, M. Jettou, a invité les organisations politiques, la société civile et certains journaux de «bonne foi et au nom de la défense des droits de l'Homme, qui protestaient, à chaque arrestation, interrogatoire ou procès», à faire preuve d'attention et surtout à aider les pouvoirs publics dans leur lutte contre le terrorisme islamiste. En effet, les attentats de Casablanca ont, encore une fois, démontré, comme ceux vécus en 1994, que la nébuleuse islamiste dénommée Assirat Al Mostaqim (organisation intégriste marocaine), est responsable des massacres commis en ce vendredi saint. Depuis une décennie, le Maroc a été préservé de toute forme de violence. Ainsi, l'implication de la mouvance intégriste dans cette tragédie humaine a été montrée du doigt. Le ministre de la Justice a vite ciblé les auteurs de ce cauchemar, en déclarant qu'«ils (les auteurs) sont des Marocains et que certains sont revenus récemment d'un pays étranger». Tout le monde est unanime pour faire barrage à cette mouvance. Les partis politiques, les associations de citoyens de tout bord, la presse...ont élevé leur voix pour condamner ces actes ignobles et pousser le pouvoir à châtier les auteurs et les commanditaires. D'anciennes mises en garde lancées par les entités politiques reviennent à l'ordre du jour. Le Parti du progrès et du socialisme (PPS), dont les ministres siégent au gouvernement, a été le premier à réagir. A travers son journal Al-Bayane, il confirme «l'acharnement des ennemis du Maroc à y semer les germes de la violence avec la constitution de groupuscules et de réseaux nourris de haine, d'intolérance et de soif de sang comme le sont les groupes religieux de la Salafiyya Jihadia, Attakfir wal Hidjra et les officines gravitant autour des organisations politiques intégristes». Le porte-parole de ce parti s'en prend aussi à ceux qui réclament l'annulation du projet de loi antiterroriste «parce que, selon eux, le Maroc n'est exposé à aucune menace terroriste». Quant à l'Union socialiste des forces populaires, elle n'a pas hésité à parler de «guerre». Elle demande que «les pouvoirs publics autant que l'opinion nationale revoient nombre de leurs attitudes laxistes». Cet é politique évoque les dérapages qui se sont produits dans ce pays, notamment dans le domaine religieux. «Le drame est que l'Etat pactise dans cette évolution en donnant accès aux lieux de culte, à la vague de pseudo-érudits qui prêchaient à défaut des valeurs fondatrices de l'Islam, un formalisme démagogique dans lequel sont souvent véhiculés les principes inverses et contraires de cette religion», a indiqué cette formation politique. Cette recrudescence des attentats terroristes, qui coïncide avec la fin de la guerre d'Irak - on rappellera ceux survenus en Arabie Saoudite - traduit dans les faits l'appel lancé, il y a quelques semaines par le chef d'Al-Qaîda, «à combattre l'Arabie Saoudite, la Jordanie, le Yémen et le Maroc», qualifiés de «pays apostats». Par ailleurs, cette violence inhumaine a réveillé les réflexes d'autodéfense à travers le monde. Les USA, pour leur part, ont fait remarquer que «les attentats terroristes de Riyad et de Casablanca rappellent le pourquoi de la campagne qu'ils mènent sur le terrain contre les groupes terroristes, tout en expliquant que l'ennemi est impitoyable, tenace et se cache parmi d'innocentes gens». Ils précisent que «la guerre contre le terrorisme n'est pas une guerre contre l'Islam, mais contre les fanatiques qui ont perverti cette religion». Aussi, il est à noter que plus de 400 experts de la lutte antiterroriste issus de 13 pays étaient réunis en Australie pour «confronter leurs stratégies de lutte» contre ce fléau du début du siècle. Ces nations se déclarent «inquiètes de cette apparente résurgence des attentats». En tant que spécialiste de la question terroriste, Charles Prouty (FBI) a précisé: «Vous avez beau être prudent, prendre de multiples précautions, travailler dur sur ce sujet, il y a toujours une chance pour que quelqu'un passe à travers les mailles du filet.» Des menaces terroristes «pèsent sur l'Asie du Sud-Est et sur l'Afrique de l'Est», ont souligné les participants à cette conférence, qui redoutent «Al-Qaîda et ses réseaux encore en veilleuse».