Longtemps considéré comme un havre de paix, ce pays a été ébranlé vendredi. On se rappelle l'année 1994 qui a vu le royaume chérifien du Maroc ébranlé par une vague d'attentats terroristes. Des dizaines de citoyens y ont laissé leur vie. En ce temps-là, notre pays était confronté à cette vague islamiste, cette nébuleuse sans foi ni loi qui commet des carnages au nom d'un idéal imagé et imaginaire. Les attentats sur le sol marocain sont vite attribués à notre pays qui se retrouve isolé. Le Maghreb tout entier a subi ce diktat, animé et dirigé par des groupuscules et ce, au nom d'Allah. En effet, le Maroc où la religion tient le sommet de la politique et de l'idéologie n'a jamais pris les devants pour «soumettre» cette nébuleuse islamiste qui se réclame d'idées érigées en dogme d'un autre siècle. Gouverner un peuple en s'appuyant sur une politique basée sur les préceptes de l'Islam et adopter une économie libérale où l'intérêt prime sur le principe d'entraide tel que voulu par la religion n'engendrent que des contradictions sociales. Le Maroc s'est enfermé dans son carcan où les règles élémentaires de la démocratie sont bannies à jamais du discours politique. Malgré la face exposée au regard du monde qui inspire un modèle de gouvernance idéal, il n'empêche que le politique est miné et les soubresauts, se manifestant çà et là, nous renseignent sur la fragilité du système «imposé» au peuple. L'avènement du jeune roi, Mohammed VI, n'a pas étanché la soif de la nébuleuse islamiste, malgré quelques signes apaisants d'ouverture vers une représentativité de toutes les couches sociales. Depuis, la disparition de Hassan II, le nouveau roi a exprimé, à maintes reprises, son désir d'ouvrir la sphère politique aux différentes oppositions. Sur le terrain, le marasme social et la paupérisation de la société n'ont jamais trouvé de répondant. Ces voix «off» n'ont reçu comme réponse que la prison et l'élimination pure et simple. La situation a été bloquée par les tenants du pouvoir réel qui ont fait la «sourde oreille aux revendications profondes exprimées par la masse opprimée. Mais peut-on gérer une telle situation bouillonnante? Sans nul doute, le recours à la force n'a fait qu'accroître le mécontentement populaire. Mohammed VI, arrivé très jeune au pouvoir n'a suivi que le chemin tracé par son défunt père. La répression qui s'en est suivie a ouvert les portes aux manifestations de masse et aux attentats suicide. Le royaume chérifien est touché dans ses fondements. La culture islamiste s'installe au fil des années et s'entoure de plus en plus d'un «lunpen» au stade de l'esclavagisme. Ainsi, le visage «d'une société démocratique» tel que «diffusé» vers l'extérieur est en contradiction flagrante avec la réalité du jour. Le royaume chérifien a toujours agi par des actions saccadées pour mettre un terme au mécontentement populaire. L'intérêt exprimé et ce, à chaque occasion, creuse l'écart déjà existant entre la société et le pouvoir politique. Les attentats de vendredi dernier donnent à réfléchir aux tenants du pouvoir dans ce pays, considéré comme un «havre de paix». Nonobstant toute conclusion hâtive, il est à noter que derrière cette vague d'attentats, des groupuscules islamistes ont exprimé un avertissement aux autorités chérifiennes. Les ramifications d'al-Qaîda ne sont pas étrangères à cette violence. Le Royaume chérifien peut-il encore se glorifier d'être une nation «intouchable» et où l'Islam trouve toute latitude d'adaptation? La réponse a été donnée en ce vendredi saint. Mohammed VI, longtemps installé sur un trône «de justicier» et de «contemplatif» s'est réveillé, ven- dredi, sous la complainte des blessés et des pleurs. Un avertissement qui ne dit pas son nom, mais dont on mesure déjà les dégâts à l'avenir.