Le “terrorisme international” a frappé de nouveau vendredi. Après l'Arabie Saoudite, c'est le Maroc qui a été ciblé. Les attentats, menés par des kamikazes, ont visé les lieux fréquentés par les Occidentaux et les juifs. Epargné par le terrorisme, si l'on excepte l'attentat de Marrakech en 1994, le royaume alaouite a été touché de plein fouet vendredi vers 22h00 locales (GMT) par des attentats à la bombe et à la voiture piégée. Le centre de Casablanca, la plus grande ville marocaine, située à 100 km au sud de la capitale Rabat, a été le théâtre de cinq explosions. Des scènes de panique indescriptibles se sont produites dans les rues avoisinant les lieux des attentats. Dans une rue proche du consulat de Belgique, devant l'hôtel Farah (ex-Safir), et à côté du cercle de l'Alliance israélite, trois voitures piégées ont presque simultanément explosé. Ces trois déflagrations ont été suivies par l'explosion de deux bombes. La première qui visait le restaurant de la Casa Espana aurait fait le plus grand nombre de victimes, une vingtaine, alors que l'autre a eu lieu non loin d'un ancien cimetière juif de la ville. Ces attentats ont été perpétrés par des kamikazes, dont dix figurent parmi les vingt-quatre morts, selon les autorités marocaines, qui n'ont fourni aucune précision sur leur identité. Les corps de deux d'entre eux retirés des décombres du cercle de l'Alliance israélite, et le kamikaze qui s'est fait explosé à l'entrée de l'hôtel Farah Maghreb, après que l'accès lui eut été refusé par le portier. Selon des témoins, il avait une ceinture de grenades enroulée autour de la taille. La majorité des quarante et un morts, dont vingt-sept ont succombé à leurs blessures dans les hôpitaux et la centaine de blessés, dont cinquante-cinq ont reçu les premiers soins dans les hôpitaux et sont rentrés chez eux, sont de nationalité marocaine, a déclaré le ministre marocain de l'Intérieur, M. Mostapha Sahel. Le premier bilan qui faisait état de vingt-quatre morts, s'est alourdi. A l'hôpital Ibn-Rochd de Casablanca, dans la liste de trente-deux blessés lue par le responsable du service des urgences devant les personnes venues s'enquérir du sort de leurs parents ou amis, seuls trois noms étaient de consonances étrangères, selon les journalistes présents sur les lieux. Ceci confirme les affirmations du ministre marocain de l'Intérieur. D'après les nombreux témoignages, deux policiers postés devant le consulat de Belgique ont été tués. Près de l'ancien cimetière juif, trois jeunes ont péri après qu'un kamikaze eut actionné sa ceinture explosive. Le nombre de morts dans le restaurant de la Casa Espana, où les kamikazes avaient égorgé le portier du club avant d'accomplir leur forfait s'élève à huit. Devant l'ampleur des dégâts humains et matériels, il a été fait appel à des ambulances supplémentaires en provenance des municipalités limitrophes de Casablanca pour secourir les blessés. Trois suspects présumés auraient été arrêtés, après les attentats, et parmi lesquels figurerait un kamikaze, d'après le ministre marocain de l'Intérieur, qui a affirmé que “le royaume du Maroc ne se laissera pas intimider, ni déstabiliser par ceux qui veulent aujourd'hui s'attaquer aux acquis constitutionnels et démocratiques de notre pays”. Pour rappel, en mai et juin 2002, les autorités marocaines avaient procédé à l'arrestation de trois Saoudiens et sept Marocains accusés de liens avec Al-Qaïda. En août 2003, une trentaine d'islamistes marocains avaient été arrêtés et accusés “d'avoir tué des Marocains”. Mais, le royaume chérifien ne s'attendait certainement pas à vivre des scènes d'horreur similaires à celles d'hier par la cause du terrorisme, dont il pensait être à l'abri. K. A.