Partout où il passe défendre la bonne cause, Maître Lamouri gagne et au pire, aux points, loin des K.-O.! Une famille décide de rendre visite à sa fille... une fille qui a le coeur plein. Il est si plein qu´elle se plaint. Il est fréquent d´assister aux rixes à la barre et ces rixes sont narrées à la barre...Et lorsque ces histoires mettent en scène des familles, des proches, les magistrats vivent le calvaire. Rabah Ouriachi, lui, joue le calme... Des histoires de famille durant la journée, c´est déjà moche, pensez donc, la nuit. Une véritable bombe humaine! Des éclats de voix, des menaces, des mots qui blessent. Des répliques sanglantes. Quatre hommes et deux femmes sont debout à la barre devant le président, Ouriachi, ce magistrat, au sang-froid exemplaire, ainsi qu´un parquetier, magnanime, car il n´est pas intervenu une seule fois, surtout qu´en face, il y a cet avocat de douleur, Maître Lamouri à ne pas écorcher! Dans l´air, flotte une fâcheuse histoire de coups et blessures involontaires précédés d´injures et d´insultes. Les coeurs sont pleins et les esprits chauds. A la moindre étincelle, gare aux dégâts! Et lorsque chacun des gus prend la parole, c´est un meeting où manquent les youyous stridents des deux femmes. «Pourquoi donc, bon sang, avez-vous eu cette idée noire de rendre visite à votre fille, la nuit?», a demandé, plutôt embarrassé qu´agacé, le magistrat qui avait, au début, reproché aux hôtes de limiter les heures de visite. «On n´est pas à l´hôpital de douze à quatorze heures.» Et ici, nous vous prions d´être patients et indulgents chers lecteurs, de vous résumer en six lignes le charivari créé par un brouhaha sans précédent car tous parlaient en même temps. Pire, l´inculpé principal a trouvé deux secondes pour non seulement élever le ton, gesticuler à en sourire et même à en rire, ce qui ne plaît pas à ce grand juge du siège, attentif et vigilant comme jamais il ne l´a été. Pour revenir à l´inculpé principal, il a même réussi à taper du poing sur la barre. Il est vite rappelé à l´ordre et par l´avocat et par le magistrat Ouriachi, curieusement calme et tolérant, en plein milieu des débats. Et si le président était calme, c´est qu´il a une franche idée sur le dossier. Maître Benouadah Lamouri, ce vif défenseur des justes causes, va l´aider tout en douceur: «Cette honorable famille s´est vue signifier une interdiction de rendre visite à leur fille, c´est ça notre société en 2010? Qu´avons-nous? Et alors? Un infirme qui vient avec sa maman rendre visite à la soeur heureuse chez son mari qui, malheureusement, loge avec ses trois frères. Voyez d´ici les dégâts», s´écrie l´avocat qui avait, à dessein, insisté sur: heureuse chez son mari car la pauvre dame souffrait face aux trois beaux-frères. Le procureur de l´audience, ce modeste Denni, met les points sur les «i». Ces victimes ont été victimes de bêtises. «La femme vit bien avec son époux. Le couple vit très bien. Des nuisances naissent par des comportements imbéciles qui mènent les gens à la barre car, finalement, qu´y-a-t-il dans ce dossier?», a éclaté le procureur qui a requis six mois ferme de prison et une amende: le tout bien dit avant la plaidoirie de Maître Lamouri qui avait franchement ébloui ses nombreux confrères, avec, à leur tête, Maître Chabi Benouaret, Maître Djamel Boulefrad, Maître Farouk Benrekia et cet ombrageux avocat d´Alger, Maître Chadli Zouina qu´accompagnait Maître Ouahiba Dehidah, elle-même flanquée de sa jeune stagiaire, Maître Ouardia Larbi. Un Lamouri des grands jours, qui a réussi à arracher une peine à ces mauvais beaux-frères. A Dieu va!