«Les bouleversements que la presse écrite a connus avec Internet, la télévision va également les vivre... mais puissance 1000.» Stéphane Richard, P-DG de France Télécom Google, Yahoo!, Apple... toutes ces multinationales du virtuel rêvent de contrôler le petit écran et d´y installer les services qui ont fait leur fortune sur la Toile. Une formidable menace pour les chaînes du monde mais aussi françaises. En 2000, le groupe français Thomson commercialise avec Microsoft le premier téléviseur connecté à Internet. Même si leur relation commune a depuis longtemps été emportée par les faillites du début de Millénaire, ces premiers pas malheureux n´ont pas bridé les ardeurs des géants d´Internet. Dix ans plus tard, Google TV lance aux Etats-Unis un nouveau concept dans ce sens et qui devrait débarquer en Europe l´an prochain. De son côté, Steve Jobs a présenté en grande pompe, en septembre, la nouvelle version d´Apple TV. Tous deux marchent ainsi sur les pas de Yahoo, déjà parti à l´assaut du petit écran. La menace est prise très au sérieux par les chaînes de télévision. Il ne se passe plus une semaine sans qu´un patron hausse le ton ou qu´un nouveau sujet de conflit apparaisse. Le partage de photos avec Flickr, la vidéo avec YouTube, la recherche avec Google, ou encore la mise en relation avec ses amis sur Facebook. Il y a aussi l´iPhone, les utilisateurs ont pris l´habitude d´installer des applications sur leur téléphone pour capter les programmes télés. Si les internautes surfent en moyenne une heure et quatre minutes chaque jour sur le Web, ce temps reste minime comparé à celui passé devant le bon vieux poste. Les annonceurs suivent avec près de 260 milliards d´euros dans le monde, investis chaque année dans ce média. Il y a de quoi faire saliver. Toshiba, la société japonaise a, en effet, choisi l´Europe et plus particulièrement la France comme terrain d´expérimentation avant d´élargir son offre à d´autres territoires. Car, avec plus de 20 millions de foyers abonnés au haut débit, l´Hexagone fait figure de pionnier. Une belle histoire dans laquelle les chaînes veulent s´associer, car ce drôle de mariage fait peser sur TF1, M6 et les autres une triple menace: un émiettement de leur audience, un accès sans contrepartie à leur service de télévision de rattrapage et une nouvelle concurrence sur le marché très prometteur de la vidéo à la demande. Déjà, Google TV ou Yahoo Connected TV affichent des icônes en surimpression des programmes diffusés et peuvent ainsi détourner une part de l´audience vers leurs contenus. Autre risque pour les chaînes: que le moteur de recherche vidéo vienne s´interposer entre elles et le téléspectateur. A l´instar des journaux en ligne, qui dépendent aujourd´hui largement de Google pour leur trafic. Devant une telle menace, les piliers du PAF ont mis leurs différends de côté et planché sur une charte commune pour tenter de freiner les appétits des géants du Web. Mais, si les grands médias sont déterminés à stopper ces «coucous du Net», d´autres, plus petits, tels BFM TV ou Direct 8, seraient prêts à collaborer, sous certaines conditions, pour accroître leur audience. [email protected]